mardi, mai 21
Sam Salehpour, ingénieur qualité au sein de Boeing, le 17 avril 2024, à Washington, devant une commission d’enquête du Sénat américain.

Boeing n’est pas décidé à jouer les victimes expiatoires. Alors que les problèmes de sécurité et les défauts de conception récurrents de trois des principaux appareils de l’avionneur de Seattle, le 777, le 787 et le 737, ont été passés au crible par le Congrès des Etats-Unis et lors de deux audiences devant une sous-commission du Sénat amércain, mercredi 17 avril, à Washington, Boeing a choisi de faire face. Devant la commission sénatoriale, l’ingénieur qualité et lanceur d’alerte de Boeing, Sam Salehpour a renouvelé ses accusations contre l’avionneur, affirmant que ce dernier a, « de manière répétée, ignoré des inquiétudes graves concernant la sécurité et le contrôle qualité dans la construction des [long-courriers] 787 et des 777 ». Il a placé les membres de la commission devant leurs responsabilités : « Je ne suis pas ici parce que j’ai envie d’être ici. Je suis ici parce que (…) je ne veux pas voir le crash d’un 787 ou d’un 777 ».

En poste depuis dix-sept ans chez Boeing, il a dénoncé « une culture qui donne la priorité aux cadences de production plutôt qu’à la sécurité et à la qualité et qui incite la direction à négliger les défauts importants des avions de Boeing ». A l’en croire, le 787 Dreamliner et le 777 présenteraient des défauts « potentiellement catastrophiques ». Selon ses affirmations, mal assemblés, les deux tronçons du fuselage du long-courrier 787 pourraient se détacher en plein vol.

Interrogé par une sous-commission du Sénat pourtant « consacrée à l’examen des dysfonctionnements de la culture sécuritaire de Boeing », l’ingénieur qualité qui continue d’affirmer que Boeing « produit des avions défectueux », n’a toutefois pas apporté la moindre preuve pour confirmer ses accusations. « J’ai de sérieuses inquiétudes concernant la sécurité du 787 et je suis prêt à prendre un risque professionnel pour en parler », a-t-il encore indiqué. Il s’est même dit persécuté : « J’ai été mis à l’écart. On m’a dit de la fermer, j’ai reçu des menaces physiques. Si quelque chose m’arrive, je suis en paix, parce que j’ai le sentiment que, en témoignant ouvertement, je vais sauver de nombreuses vies ».

« Chaque personne à bord d’un Boeing est à risque »

Mercredi, ni le PDG, Dave Calhoun, ni des représentants de Boeing n’ont été auditionnés. Il n’empêche, l’avionneur a opposé un démenti aux accusations qui remettent en cause l’intégrité structurelle du 787. Deux cadres dirigeants de l’avionneur ont expliqué que des tests et des inspections menés sur des Dreamliner, dont certains sont en service depuis douze ans, n’avaient révélé aucune fissure ni aucune fatigue du fuselage en fibre de carbone. De même, d’autres cadres de Boeing en ont profité pour réfuter une autre des allégations du lanceur d’alerte, qui avait affirmé avoir vu des employés de Boeing sauter à pieds joints sur des sections du fuselage de 787 et 777 pour les aligner.

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