- Sa maison était squattée depuis six mois, alors qu’elle cherchait à la vendre.
- Karine Lellouche a engagé des hommes de main pour expulser son squatteur.
- Le tribunal de Bordeaux l’a condamnée à un an de prison avec sursis.
C’était sa maison d’enfance, celle des vacances passées en famille. Karine Lellouche a beau l’avoir vendue, le squatteur qui a transformé sa vie en cauchemar, occupe toujours les lieux. Sur son portable, elle fait défiler des photographies des extérieurs de la maison d’Andernos-les-Bains (Gironde). Elle s’arrête sur un panneau apposé par le squatteur : « Accès interdit, propriété privée »
. « C’est quand même un comble, non ? C’est le monde à l’envers. Il y a de quoi être en colère »
, s’indigne-t-elle dans le reportage du 20H ci-dessus.
« Ubuesque »
À 55 ans, cette femme a depuis hier un casier judiciaire : le tribunal de Bordeaux l’a condamnée à un an de prison avec sursis. Les juges lui ont reproché d’avoir engagé deux hommes de main pour violenter et déloger le squatteur qui occupait sa propriété depuis six mois. Comme elle l’a raconté à l’audience, Karine voulait vendre la maison pour s’acquitter d’importants frais de succession à la suite de la mort de son père.
D’après les gendarmes, l’effraction était impossible à prouver, car le squatteur avait juré avoir profité d’une porte ouverte pour s’installer tranquillement sur place. Or sans effraction, l’État ne peut pas ordonner une expulsion. « C’est quand même hallucinant qu’on vous dise
‘cette personne s’est introduit dans votre domicile et maintenant comme il a changé les compteurs et qu’il a changé les serrures, il est chez lui’,
témoigne-t-elle au micro de TF1. « Mais
qui paye les taxes d’habitation
? J’ai même à payer la taxe sur les loyers vacants. C’est ubuesque quand même (…). Moi, ça me rend malade »
.
« Pour moi, je suis la victime »
Karine Lellouche dit avoir agi en désespoir de cause. Elle le regrette, mais reste en colère. « Avec la défaillance de la loi, on pousse les honnêtes citoyens à se mettre dans l’illégalité, c’est ce qui m’est arrivé »
, estime-t-elle aujourd’hui. « Bien sûr, j’ai fait une bêtise, je la paye et je l’assume. Mais il y a un peu d’amertume quand même dans tout ça. Parce que pour moi, je suis la victime »
.
Cet avocat qui défend de nombreux propriétaires, victime de squatteurs, le reconnaît, obtenir gain de cause est un parcours du combattant. « En aucun cas, un propriétaire qui est victime d’un squatteur ne doit se faire justice lui-même. Je rappelle que le code pénal est très sévère avec les propriétaires »
, prévient Maître Romain Rossi-Landi. « La peine encourue est de 3 ans de prison et 45.000 euros d’amende. Donc effectivement, on ne se fait pas justice soi-même. Et encore une fois, c’est vrai que le squat, c’est un domaine où les gens sont tentés de le faire. Et ça, il ne faut pas »
, martèle l’avocat.
Le squatteur, lui, semble toujours occuper l’ancienne maison de Karine Lellouche. Hier à l’audience, les juges l’ont désigné comme une victime. Et lui ont même accordé 1200 euros de dommages et intérêts. Les deux hommes qui avaient touché 200 euros chacun pour le coup de force, et venaient de passer trois mois en détention préventive, ont, eux aussi, été condamnés à 10 et 12 mois de prison avec sursis.
En revanche, les enquêteurs n’ont jamais réussi à localiser l’intermédiaire qui les avait engagés, touchant au passage 5.000 euros, et qui avait initialement proposé ses services à Karine quand elle s’était ouverte de ses déboires sur les réseaux sociaux.




