samedi, mars 22

ECONOMIE – Le progressisme de Ben & Jerry’s a-t-il été sanctionné par sa maison mère Unilever ? C’est en tout cas ce qu’affirme le fabricant américain de glaces après que son directeur général David Stever a été démis de ses fonctions par le géant britannique. Ce dernier avait déjà reproché à sa filiale son activisme politique, notamment sur la question palestinienne ou sur la politique de Donald Trump.

D’après CNN, le glacier a déposé une plainte mardi 18 mars à New York contre sa maison mère qu’il accuse d’avoir violé leur accord de fusion par la « révocation unilatérale de son PDG » sans suivre les protocoles appropriés. La marque assure par ailleurs que le renvoi de David Stever par Unilever n’est pas motivé par « de véritables préoccupations » sur ses performances et qu’il s’agit de punir le PDG pour « son engagement pour la mission sociale de Ben & Jerry’s ».

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Dans l’accord d’acquisition signé en 2000, la marque de glaces avait obtenu le respect de sa « mission sociale » et le maintien d’un conseil indépendant. Des clauses qu’Unilever assure avoir respecté dans le cadre du départ de David Stever. Dans un communiqué repris notamment par la BBC, la multinationale britannique a assuré avoir agi « conformément aux termes de l’accord » et après « des tentatives répétées pour engager le conseil d’administration [de Ben & Jerry’s] et suivre le processus adéquat ». « Nous regrettons que la confidentialité d’une conversation sur la carrière d’un employé ait été rendue publique », a-t-elle ajouté.

Plusieurs plaintes déjà déposées par Ben & Jerry’s

Comme le rappelaient Les Échos en novembre dernier, la tension n’a cessé de monter entre les deux entreprises depuis 2021, Unilever assumant de moins en moins la liberté de ton et le progressisme de Ben & Jerry’s, sur fond de critiques croissantes contre le « wokisme » supposé des grandes entreprises américaines.

En novembre dernier, le glacier avait déjà porté plainte contre sa maison mère pour l’avoir empêché de prendre la défense des droits des Palestiniens et d’appeler à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Unilever avait alors menacé Ben & Jerry’s de démanteler son conseil d’administration et de poursuivre les dirigeants. Une autre plainte avait été déposée en 2021 par le conseil indépendant du fabricant de glace contre sa maison mère. Ben & Jerry’s entendait dénoncer le grignotage du territoire palestinien par Israël en interrompant ses ventes dans les colonies israéliennes de Cisjordanie. Unilever avait alors cédé l’activité israélienne à un producteur local.

Les tensions entre les deux entreprises ne se limitent pas aux questions internationales, soulignent Les Échos, puisque Ben & Jerry’s s’était vu reprocher ses messages anti-Trump. En 2018, l’entreprise avait même sorti une saveur spéciale pour s’opposer au républicain intitulée « Pecan Resist ».

Le glacier est aussi en désaccord avec les renoncements d’Unilever en matière de réduction de réduction des plastiques non recyclés, de lutte contre le gaspillage alimentaire industriel, mais aussi de diversité et d’inclusion, notamment des personnes handicapées.

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