Benyamin Nétanyahou n’a pas seulement été l’un des premiers dirigeants étrangers à féliciter chaleureusement Donald Trump pour sa réélection à la Maison Blanche. Il a aussi très vite annoncé la nomination d’un nouvel ambassadeur à Washington, en lieu et place de Michael Herzog, le frère de l’actuel président de l’Etat d’Israël, dont les relations avec le premier ministre sont notoirement tendues.
Nétanyahou, qui a lui-même été adjoint de l’ambassadeur aux Etats-Unis, de 1982 à 1984, puis ambassadeur d’Israël auprès des Nations unies, de 1984 à 1988, reprend ainsi le contrôle du plus stratégique des postes de la diplomatie israélienne.
Il rappelle, y compris à ses alliés, qu’il entend bien incarner cette diplomatie, quel que soit le ministre des affaires étrangères, hier Israel Katz jusqu’à sa récente nomination à la défense, aujourd’hui Gideon Saar, un dissident revenu en grâce. En outre, le choix pour Washington de Yechiel Leiter, un ultranationaliste sans expérience diplomatique, est très révélateur.
Un fidèle du rabbin Kahane
Le nouvel ambassadeur d’Israël aux Etats-Unis connaît intimement ce pays où il est né, en 1959, dans la même ville de Pennsylvanie que le président Joe Biden. Yechiel Leiter milite durant son adolescence au sein de la Ligue de défense juive (LDJ), fondée en 1968 à New York par le rabbin Meir Kahane. Les méthodes agressives de la LDJ et ses projets d’attentat exposent le groupe à des poursuites répétées.
Kahane, qui émigre en Israël en 1971, y fonde peu après un équivalent de la LDJ, désigné sous le nom hébreu de Kach, avec le même symbole d’un poing fermé sur une étoile de David. Arrêté de nombreuses fois en Israël pour troubles à l’ordre public, Kahane est incarcéré six mois en 1980 pour avoir envisagé des attentats contre des habitants palestiniens de Hébron, en Cisjordanie occupée. Leiter, qui a décidé d’émigrer en Israël en 1978, assiste donc sur place à la montée en puissance du rabbin Kahane, qui parvient, malgré ses démêlés avec la justice, à être élu député à la Knesset en 1984.
Le programme de Kach est pourtant d’un racisme assumé, puisqu’il prévoit de limiter les droits des Arabes de nationalité israélienne, voire de criminaliser les relations sexuelles entre Juifs et Arabes. Quant au rabbin Kahane, ses outrances sont telles que les autres parlementaires en viennent à boycotter ses interventions et à le laisser s’exprimer devant une Knesset vide. De surcroît, une modification de la loi électorale exclut Kach pour son incitation au racisme et interdit à Kahane de se représenter aux élections de 1988. Deux ans plus tard, le rabbin militant est assassiné à New York par un extrémiste égyptien, laissant sans direction claire aussi bien Kach en Israël que la LDJ aux Etats-Unis.
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