mercredi, décembre 25

Pour Julien (son prénom a été modifié), tout a commencé à l’été 2018. « Je suis en vacances et je reçois l’appel d’un policier qui me dit que plusieurs véhicules enregistrés à mon nom ont commis des infractions graves, de type braquage, raconte ce cadre commercial installé en région parisienne. Pourtant, à l’époque, je n’ai même pas de voiture, je conduis un scooter. » La suite de son récit ressemble par bien des aspects au cauchemar que décrivent toutes les victimes d’usurpation d’identité. Sauf que, dans son cas, une grande partie de la responsabilité en revient à l’Etat.

Lire notre enquête | Article réservé à nos abonnés Scandale des immatriculations : derrière les garages fictifs, des fraudeurs par milliers et un Etat défaillant

Si Julien s’est retrouvé soupçonné par la police, cerné par le fisc, l’Urssaf, et sommé, du jour au lendemain, de payer des centaines de milliers d’euros d’amendes routières, c’est en raison des failles béantes du système d’immatriculation des véhicules (SIV), un registre public dont la semi-privatisation a ouvert la voie à des escroqueries massives.

Revenons au printemps 2018. A cette époque, Julien l’ignore encore, mais quelqu’un vient de créer avec son nom une société d’« achat et vente de véhicules d’occasion » à Roubaix (Nord), à plusieurs centaines de kilomètres de chez lui. Dans les semaines qui suivent, des dizaines de véhicules sont immatriculés chaque jour au nom de sa société, qui compte bientôt un parc de plus de 300 voitures, sans qu’aucun voyant rouge s’allume dans les préfectures.

Dette de plus de 300 000 euros

Excès de vitesse, stationnement gênant, mise en fourrière, accidents, participation à des cambriolages en Belgique… A chaque fois que l’une des voitures commet une infraction, l’immatriculation renvoie vers Julien, qui doit en endosser la responsabilité. Le jeune homme est sommé par des compagnies d’assurances de rembourser les dommages causés par « ses » véhicules sur la route. Les amendes s’accumulent jusqu’à former une dette de plus de 300 000 euros auprès du Trésor public, qui tente de ponctionner directement son salaire auprès de son employeur et d’opérer des saisies sur ses comptes bancaires. « Heureusement, les demandes étaient tellement énormes que ma banque répondait non, car il n’y avait pas assez d’argent sur mon compte », raconte Julien.

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