vendredi, octobre 25

Le 4 octobre, un peu avant 1 heure, le Libanais Elie Hachem a reçu le coup de téléphone le plus important de sa vie, lui apprenant que l’armée israélienne allait frapper dans les alentours de l’hôpital Sainte-Thérèse dont il est le directeur exécutif et qui est le seul encore en activité dans le sud de Beyrouth. « Avertissement urgent aux habitants de la banlieue sud, en particulier à ceux du bâtiment indiqué sur le plan, situé dans le quartier Hadeth et aux immeubles adjacents : vous êtes situés à proximité des installations et des intérêts du Hezbollah, contre lesquels Tsahal opérera dans un avenir proche », disait le communiqué de l’armée israélienne, partagé sur les réseaux sociaux et repris par les Libanais.

Sur le plan publié par l’armée israélienne, l’hôpital Sainte-Thérèse a été spécifiquement mentionné et pointé. Depuis chez lui, sur les hauteurs de Hazmieh, non loin de l’hôpital, Elie Hachem, 33 ans, n’avait pas de temps à perdre. Il s’est mis sur Google Maps et a calculé la distance entre la cible donnée par l’armée israélienne et Sainte-Thérèse. « Depuis le début de la guerre, je sais que si la cible est à moins de 200 mètres de nos locaux, la situation est grave et qu’il faudrait évacuer. Ce qui a été bien le cas ce soir-là », explique cet homme grand et élancé qui pèse chaque mot. Alors que les safe rooms de l’hôpital sont situées au sous-sol dans l’unité des soins intensifs, mais en face du lieu de la frappe attendue, Elie Hachem décide de demander aux médecins, infirmiers et autres employés de diriger les patients vers le rez-de-chaussée et de tous se réfugier dans la pièce des admissions, à son avis « mieux protégée ».

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Ce soir-là, 13 personnes étaient hospitalisées dans l’établissement, dont trois bébés prématurés. Vingt minutes après l’ordre d’évacuation, l’armée israélienne frappait le quartier, faisant s’effondrer un bâtiment résidentiel de huit étages. « Dans notre hôpital, personne n’a été blessé, même pas une petite coupure », explique Elie Hachem, jeudi 24 octobre.

Situation sécuritaire délétère

Son père, le fondateur et directeur de l’hôpital Sainte-Thérèse, Fadi Hachem, qui a fait ses études en France, ne cache pas sa fierté. Quelques heures avant l’explosion, il avait quitté Beyrouth pour un voyage d’affaires aux Etats-Unis, laissant à son fils la gestion de l’hôpital. « Il s’en est très bien sorti », dit ce chirurgien, spécialiste en urologie, à nouveau assis derrière son bureau.

Destructions dues à une frappe israélienne à proximité de l’hôpital Sainte-Thérèse, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban, le 24 octobre 2024.

A l’hôpital, l’explosion a pulvérisé les vitres des sept étages du bâtiment. Les tuyaux d’eau ont été perforés et le réseau électrique gravement touché, endommageant les différents appareils médicaux. « Nous avons déjà dépensé environ 100 000 dollars [92 400 euros] pour réparer ou changer le matériel, et il y a encore des choses à faire », explique Elie Hachem. Depuis le 4 octobre, l’armée israélienne a frappé plusieurs fois aux alentours de la municipalité de Hadeth, endommageant pour la deuxième fois certaines parties de l’hôpital. Dans la nuit du 24 au 25 octobre, au moins trois puissantes frappes ont touché les environs de l’établissement.

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