vendredi, décembre 19
Des personnes déplacées à la suite des attaques menées par les Forces de soutien rapide (RSF) contre le camp de Zamzam, dans la ville de Tawila, au Soudan, le 15 avril 2025.

Trente-cinq frappes de drones menées par les paramilitaires ont visé jeudi 18 décembre à l’aube l’est du Soudan, dont la ville d’Atbara, où se trouve une importante centrale électrique, a déclaré une source militaire à l’Agence France-Presse (AFP), ce qui a entraîné une coupure de courant massive dans les principales villes du pays. « A l’aube, la milice a lancé 35 drones contre les villes d’Atbara, d’Ad-Damer et de Berber, dans l’Etat du Nil, visant des installations civiles », a déclaré cette source, sous couvert d’anonymat.

Les frappes, qui ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l’Etat du Nil (Est), « ont également fait deux morts », a affirmé, de son côté, un responsable de la centrale, attribuant lui aussi cette attaque aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), en guerre depuis avril 2023 contre l’armée régulière.

Les victimes sont deux secouristes tués par une deuxième frappe de drone alors qu’ils tentaient d’éteindre l’incendie provoqué par la première, selon cette source. Le gouvernement de l’Etat du Nil a confirmé leur mort dans un communiqué, accusant « des milices qui n’ont aucun respect pour la vie humaine ».

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Guerre au Soudan : « Le choix d’agir nous appartient »

Des coupures d’électricité dans plusieurs Etats

L’attaque « a conduit à l’interruption de l’approvisionnement en électricité dans plusieurs Etats », a précisé la compagnie d’électricité nationale. « Depuis 2 heures du matin, nous n’avons plus d’électricité », a rapporté à l’AFP Abdel Rahim Al-Amin, fonctionnaire à Port-Soudan. « Nous espérons qu’elle reviendra rapidement. »

La station d’Al-Muqrin est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Méroé – la plus grande source d’énergie hydroélectrique du pays – avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également affirmé qu’aux alentours de 2 heures, heure locale (1 heure à Paris), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s’élever au-dessus d’Atbara. « Depuis 2 heures du matin, l’électricité est coupée, et nous craignons que les dégâts ne soient importants et qu’il ne faille du temps pour réparer », a déclaré Ahmed Al-Bashir, un habitant de la ville.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Soudan : « Nous refusons que les crimes soient recouverts d’une chape d’indifférence »

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs Etats, notamment ceux du Nil, de la Mer-Rouge – où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement proarmée, selon des témoins. La capitale, Khartoum, a également été touchée, avant que le courant soit raccordé en partie à un nouveau réseau.

Restez informés

Suivez-nous sur WhatsApp

Recevez l’essentiel de l’actualité africaine sur WhatsApp avec la chaîne du « Monde Afrique »

Rejoindre

Newsletter

« Le Monde Afrique »

Chaque samedi, retrouvez une semaine d’actualité et de débats, par la rédaction du « Monde Afrique »

S’inscrire

Au cours des derniers mois, les FSR ont visé plusieurs fois des infrastructures militaires et civiles, provoquant des coupures de courant et affectant des millions de personnes.

Crise humanitaire majeure

Alors qu’aucune trêve n’apparaît en perspective dans ce conflit dévastateur, le général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, chef de l’armée et dirigeant de facto du pays, est attendu jeudi au Caire « afin d’examiner les moyens de régler la crise soudanaise », a annoncé un communiqué de la présidence égyptienne.

Jusqu’à présent, les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad – réunissant Egypte, Arabie saoudite et Emirats arabes unis – peinent à aboutir. Le général Al-Bourhane a accueilli négativement le plan proposé par le Quad, qui prévoit à la fois son exclusion et celle des FSR de la transition politique postconflit.

Depuis la reprise de Khartoum par l’armée, en mars, les FSR avaient concentré leurs opérations au Darfour, prenant à la fin d’octobre la dernière capitale régionale, El-Fasher, et consolidant leur domination dans l’ensemble de cette vaste région de l’Ouest.

Leurs avancées ont été marquées par des exactions et des atrocités, selon des ONG et des témoignages de rescapés. En avril, plus de 1 000 civils ont été tués dans le camp de déplacés voisin de Zamzam dans le Darfour du Nord, lors d’une attaque des paramilitaires, a expliqué jeudi le Haut-Commissariat aux droits de l’homme.

Les violences des paramilitaires se concentrent désormais dans la vaste région du Kordofan, dans le Sud, où ils assiègent depuis dix-huit mois la capitale du Sud-Kordofan, Kadougli, ainsi que la ville voisine de Dilling.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué « la pire crise humanitaire au monde », selon l’ONU.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Omer Awadalla, l’avocat en exil à Paris qui documente les crimes de la guerre au Soudan

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu
Share.
Exit mobile version