jeudi, décembre 11
Au siège du « Parisien », à Paris, le 20 décembre 2022.

Les syndicats et des journalistes du Parisien ont dénoncé une « censure pure et simple » de leur direction, mercredi 11 décembre, après l’annulation d’une interview prévue avec le procureur national financier, Jean-François Bohnert, chargé de dossiers sensibles dont l’enquête sur le financement libyen qui a valu à Nicolas Sarkozy d’aller en prison.

Dans une lettre ouverte à l’ensemble de leurs collègues, que l’Agence France-Presse (AFP) a pu consulter, les journalistes du service des informations générales ont fait part de leur « immense stupéfaction après la décision unilatérale du directeur des rédactions », Nicolas Charbonneau, « d’annuler [cette] interview » prévue mercredi avec le procureur Bohnert, « à vingt-quatre heures de l’échéance ».

Selon eux, les sujets à évoquer ne manquaient pas, comme la sortie du livre de Nicolas Sarkozy sur son expérience de la prison, « dans lequel il évoque à plusieurs reprises le PNF [Parquet national financier] », chargé de l’accusation dans le procès sur le financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. « Cette décision apparaît comme une censure pure et simple d’un magistrat responsable de la lutte contre la corruption dans le pays », écrivent les journalistes. Le PNF a confirmé à l’AFP que l’entretien a été annulé « la veille pour le lendemain ».

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Le directeur des rédactions défend « une décision éditoriale »

Dans un e-mail interne aux salariés envoyé en début de soirée, et consulté par l’AFP, le directeur des rédactions du journal a contesté toute « censure » et a défendu « une décision éditoriale » prise le 4 décembre « sur un seul critère “journalistique”, celui de rester un média qui propose des contenus et entretiens exclusifs ». Au cours d’une conférence de rédaction hebdomadaire, « il a été rapporté [que Jean-François Bohnert] faisait ses adieux du PNF et qu’il était effectivement “un peu partout” dans la presse, ce qui m’a poussé publiquement à m’interroger », écrit Nicolas Charbonneau.

« J’ai souligné que nous n’avions pas franchement l’habitude de passer après tout le monde dans une séquence médiatique, et qu’en conséquence nous pouvions “passer notre tour” », ajoute-t-il. Il concède toutefois « une erreur dans la chaîne de communication qui a suivi cette conférence » ayant mené au fait que cette décision « n’était tout simplement pas parvenue au journaliste à l’origine de cette proposition ».

Les journalistes ont reçu le soutien de la société des journalistes, qui y a vu un « fait particulièrement grave » et parle aussi de « censure ». « Cette annulation d’une interview pourtant annoncée et programmée semble obéir à une logique sans rapport avec la vocation d’informer d’un titre tel que Le Parisien », ont renchéri les syndicats SGJ-FO, SGLCE-CGT, SNJ et SNJ-CGT dans un autre communiqué.

En difficulté financière, Le Parisien/Aujourd’hui en France va faire l’objet d’une recapitalisation à hauteur de 150 millions d’euros de la part de LVMH, appartenant au milliardaire Bernard Arnault. Cette annonce le 21 novembre a donné de l’air au journal, où la rédaction s’est inquiétée des rumeurs évoquant une possible vente au milliardaire ultraconservateur Vincent Bolloré.

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Le Monde avec AFP

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