lundi, décembre 15
« Abakan rouge » (1969), de Magdalena Abakanowicz, au Musée Bourdelle, en novembre 2025.

Il suffit d’un fil, et le voilà écorce, bison, vague de sang… Avec une terrible grâce, Magdalena Abakanowicz (1930-2017) fit naître du textile un monde d’apparitions et de cauchemars. Figure de l’avant-garde polonaise, cette pionnière reste étrangement méconnue en France : la rétrospective que lui consacre le Musée Bourdelle en est d’autant plus précieuse. Elle éclaire le parcours de celle qui, à l’instar des Sheila Hicks et Olga de Amaral, enfin célébrées à leur juste valeur, révolutionna l’art textile dès les années 1960. Riche de 70 ensembles, tapisseries, sculptures et dessins, elle se déploie dans les méandres de l’aile Portzamparc du musée dédié à la mémoire d’Antoine Bourdelle (1861-1929), en parallèle des collections permanentes.

Qui dit art textile ne dit pas forcément point de croix et broderies domestiques, nombre d’expositions l’ont récemment rappelé. L’univers qui naît sous les doigts d’Abakanowicz fait écho à sa traversée d’un siècle tragique. La guerre qui éclata quand elle était à peine adolescente, la censure et les privations subies sous le régime communiste qui régnait sur sa Pologne natale : tout cela se lit entre les lignes, entre les fils. D’où le titre de l’exposition : « La trame de l’existence ». « II devenait clair pour moi que je pouvais construire une réalité tridimensionnelle : douce, pleine de secrets, me protégeant, étant un bouclier, et en même temps (…) partie intégrante de moi-même », expliqua l’artiste.

Il vous reste 71.56% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
Exit mobile version