jeudi, novembre 21

A la suite de critiques contre le pouvoir militaire au Mali, le premier ministre civil, Choguel Kokalla Maïga, a été limogé par la junte, mercredi 20 novembre, ainsi que son gouvernement, d’après un décret lu à la télévision d’Etat. « Il est mis fin aux fonctions du premier ministre et des membres du gouvernement », dit le décret du chef de la junte, le général Assimi Goïta, lu par le secrétaire général de la présidence, Alfousseyni Diawara.

M. Maïga, nommé à son poste par les militaires en 2021 à la suite du second coup d’Etat en un an, apparaissait isolé, avec une capacité d’action limitée. Son limogeage crée toutefois une incertitude supplémentaire dans un contexte déjà trouble. Certains des principaux membres de la junte, comme le général Sadio Camara, ministre de la défense, et le général Ismaël Wagué, ministre de la réconciliation, font partie du gouvernement.

M. Maïga est remercié quatre jours après s’être livré, samedi, en public à de rares critiques contre la junte. Il a déploré être tenu à l’écart de la prise de décision quant au maintien des généraux au pouvoir et a évoqué « le spectre de la confusion et de l’amalgame » qui planerait, selon lui, sur la période actuelle dite de transition.

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Le retrait de Barkhane, un « abandon en plein vol »

La junte à la tête depuis 2020 de ce pays confronté au djihadisme et à une crise multidimensionnelle profonde a manqué à l’engagement qu’elle avait pris initialement sous la pression internationale de rendre le pouvoir à des civils élus en mars 2024. Aucune nouvelle échéance n’est fixée.

Choguel Kokalla Maïga, 66 ans, était le visage civil du pivot stratégique opéré par les militaires qui ont rompu l’alliance historique avec l’ancienne puissance coloniale française et se sont tournés politiquement et militairement vers la Russie.

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M. Maïga avait été en septembre 2021 aux Nations unies et avait délivré l’un des messages avant-coureurs les plus remarqués de ce pivot en dénonçant ce qu’il avait présenté comme l’« abandon en plein vol » que constituait le retrait annoncé de la force antidjihadiste française Barkhane après des années de combat aux côtés des forces maliennes. Ce retrait poussait le Mali à explorer de nouvelles voies avec d’autres partenaires, disait-il, alors que se profilait le déploiement d’éléments du groupe privé paramilitaire russe Wagner aux agissements controversés.

Plusieurs fois ministre et trois fois candidat à la présidentielle (2002, 2013 et 2018), M. Maïga apportait à la junte une forme de caution en tant que figure du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Ce collectif avait pris part à la contestation contre l’ancien président civil Ibrahim Boubacar Keïta, finalement renversé par les militaires en août 2020.

Vers une candidature à la prochaine présidentielle

M. Maïga a cependant pris ses distances avec la junte, suscitant depuis des mois des spéculations sur son renvoi. En juin, il a endossé le contenu d’un texte signé d’un proche s’opposant fermement à un éventuel maintien des militaires au pouvoir pendant plusieurs années supplémentaires. Ce proche, Boubacar Traoré, a été condamné en juillet à un an de prison ferme. Avant lui, Abdelkader Maïga, un autre fidèle de l’ancien premier ministre, avait été condamné en avril à deux ans de prison, dont un ferme, pour diffamation.

A la suite de ses propos samedi, la position de Choguel Kokalla Maïga devenait difficilement tenable. Un influent soutien de la junte, le Collectif pour la défense des militaires, dont les exigences ont souvent été satisfaites par le passé, a réclamé sa démission sous soixante-douze heures. Des manifestations d’ampleur certes limitée ont eu lieu mardi pour soutenir le régime militaire et réclamer la démission du premier ministre.

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Les déclarations de M. Maïga lui ont attiré de vives attaques sur la cohérence de son attitude. Elles ont donné lieu à des conjectures sur un éventuel positionnement de sa part en vue d’une future présidentielle. M. Maïga est aussi en butte aux reproches d’anciens alliés du M5-RFP, qui l’accusent d’avoir abandonné la lutte pour le changement et d’agir pour son propre compte.

Le Monde avec AFP

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