lundi, décembre 15
Alexandre de Moraes, à Brasilia, le 29 septembre 2025.

Les Etats-Unis ont levé, vendredi 12 décembre, des sanctions contre Alexandre de Moraes, le juge brésilien chargé du procès qui avait condamné l’ancien président Jair Bolsonaro, allié de Donald Trump. Le magistrat de la Cour suprême a immédiatement salué cette décision du Trésor américain alors que le procès contre l’ancien président d’extrême droite a été au cœur d’une crise entre Washington et Brasilia.

Vendredi soir, l’OFAC (Office of Foreign Assets Control) du ministère de l’économie et des finances américain a annoncé qu’il retirait M. Moraes et son épouse Viviane Barci de Moraes de la liste de personnes sous sanctions. Car conserver de telles mesures contre le couple « ne correspond plus aux intérêts américains en termes de politique étrangère », a souligné auprès de l’Agence France-Presse (AFP) une source proche du dossier.

En fait, c’est l’adoption d’une proposition de loi très favorable à l’ancien président brésilien qui a permis une levée des sanctions américaines. La Chambre des députés, majoritairement pro-Bolsonaro, a en effet adopté mercredi un texte, qui plaide pour « la pacification » du Brésil et qui pourrait réduire la peine de prison contre l’ex-chef d’Etat de vingt-sept ans de prison à un peu plus de deux années d’incarcération. Il avait été condamné par la Cour suprême pour conspiration en vue de se maintenir au pouvoir « de façon autoritaire » après l’élection perdue de 2022.

Le Sénat, plus équilibré, doit encore se prononcer. Et bien que le président Luiz Inacio Lula da Silva puisse mettre son veto, la Chambre des députés aura le dernier mot.

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Appel à manifester

La proposition de loi prévoit aussi la liberté conditionnelle à plus d’une centaine de partisans de l’ex-président d’extrême droite (2019-2022) condamnés pour l’assaut contre des sièges d’institutions à Brasilia le 8 janvier 2023, quelques jours après l’investiture de l’actuel président de gauche Lula. Selon le parquet brésilien, le projet de coup d’Etat ourdi par le camp Bolsonaro avait échoué faute de soutien de la hiérarchie militaire. Il prévoyait l’assassinat de Lula, de son vice-président Geraldo Alckmin et du juge Moraes.

Après l’adoption de la loi de réduction de peine pour M. Bolsonaro, la gauche brésilienne a lancé un appel à manifester dimanche dans les principales villes du pays, sous le slogan « pas d’amnistie » et « Parlement, ennemi du peuple ».

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A l’extrême droite, la décision du Trésor américain a été « reçue avec regret » par le député Eduardo Bolsonaro, fils de l’ancien président, qui s’est dit toutefois « reconnaissant du soutien du président Trump ». Eduardo Bolsonaro fait lui-même l’objet de poursuites pour entrave au procès de son père, notamment via son lobbying auprès du président américain pour qu’il prenne des sanctions contre Brasilia.

De son côté, la diplomatie américaine « a fait part de manière constante de sa préoccupation de voir les clivages politiques être instrumentalisés à travers le processus judiciaire ». Si bien que les Etats-Unis « saluent la loi votée par la chambre basse du Congrès brésilien, un premier pas pour limiter ces excès », s’est félicité, sur X, le secrétaire d’Etat adjoint Christopher Landau.

Une détente dans les relations entre Brasilia et Washington

En sanctionnant en juillet le juge Moraes, le Trésor américain l’avait accusé d’avoir profité de son poste pour « cibler des opposants politiques, notamment l’ex-président Jair Bolsonaro, des journalistes, des réseaux sociaux américains et d’autres entreprises américaines et internationales ». Le magistrat avait de fait bloqué 40 jours le réseau X, sommant son propriétaire Elon Musk, multimilliardaire proche de Donald Trump, de supprimer des comptes soupçonnés de propager de la désinformation.

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Le procès de Jair Bolsonaro, au centre de la crise entre les Etats-Unis de Donald Trump et le Brésil de Lula, avait entraîné des droits de douane américains de 40 % sur certains produits brésiliens.

Mais les relations ont semblé se détendre récemment, grâce à une rencontre fin octobre en Malaisie entre Lula et Donald Trump. Et Washington a annoncé jeudi une levée de droits de douane élevés sur des produits agricoles brésiliens.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Au Brésil, Jair Bolsonaro placé en détention provisoire après une invraisemblable tentative de fuite

Le Monde avec AFP

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