dimanche, mai 19
Des indigènes participent au campement Terre libre pour exiger la démarcation des terres et défendre les droits culturels, à Brasilia, le 25 avril 2024.

Il fut la vedette incontestée des précédentes éditions, ses discours furent applaudis par des milliers de spectateurs. Mais, cette année, Luiz Inacio Lula da Silva n’a pas reçu d’invitation à se rendre au campement Terre libre, plus grand rassemblement des indigènes du Brésil, qui s’est tenu du 22 au 26 avril à Brasilia. Un signal de la déception et du mécontentement des autochtones suscité par la politique du président de gauche.

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En apparence, l’ambiance était pourtant festive dans la capitale. Six mille indigènes issus de 200 ethnies ont participé à l’événement selon l’Association des peuples indigènes du Brésil, organisatrice du campement qui fêtait cette année ses vingt ans. Plusieurs rituels traditionnels et marches pacifiques ont été organisés par les manifestants, campant sur l’Axe monumental, principale artère de la capitale. Des slogans ont été projetés sur les coupoles du Congrès. « Plus jamais un Brésil sans nous », proclamait l’un d’eux.

Mais derrière les chants et les danses des participants perçaient l’amertume, sinon la colère. A l’orée de l’événement, la coordination du campement a adressé une sévère lettre de revendication au pouvoir avec vingt-cinq points de revendication. « Malgré le changement récent de gouvernement, les menaces pesant sur nos territoires, nos cultures et nos droits persistent », déplore le texte, qui évoque un « moment crucial » pour les 1,7 million d’indigènes du pays.

Au cœur des critiques se trouve d’abord la démarcation de nouvelles terres indigènes. Depuis le début de son mandat en janvier 2023, Lula n’en a homologué que dix, bien loin de ses promesses de campagne. Vingt-trois territoires autochtones, ayant déjà satisfait à tous les critères légaux et administratifs, attendraient d’être ratifiées par l’exécutif.

« Tous très pessimistes »

« 2023 a été une année de reconstruction et de reprise du dialogue après le mandat désastreux de Jair Bolsonaro », admet Kleber Karipuna, coordinateur exécutif de l’Association des peuples indigènes. L’ancien chef de l’Etat, qui a quitté le pouvoir en janvier 2023, se vantait de n’avoir homologué « pas un centimètre carré » de terre indigène durant son mandat. « Mais, aujourd’hui, nos revendications ne progressent pas. Donc nous disons à Lula que nous avons besoin d’action urgente ! », insiste Kleber Karipuna.

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Sur le plan institutionnel, le nouveau ministère des peuples indigènes, dirigé par l’activiste Sonia Guajajara, a été vidé de sa substance en 2023 par le Congrès et a perdu le pouvoir de démarcation de nouveaux territoires autochtones au profit du ministère de la justice. Au niveau financier, la situation n’est guère brillante. Malgré une revalorisation, le budget cumulé du ministère des peuples indigènes et de la Fondation nationale des peuples indigènes, chargée de « protéger et promouvoir les droits » des autochtones, ne dépasse pas les 1,3 milliard de reais (240 millions d’euros) pour 2024, soit l’équivalent de 0,01 % du budget fédéral.

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