mardi, mai 21

La mission d’information sénatoriale chargée d’analyser les difficultés d’Atos juge l’intervention de l’Etat « tardive et insuffisante », et formule onze propositions pour sauver le géant informatique français, dans son compte rendu présenté, mardi 30 avril, au Sénat.

Les rapporteurs disent « regretter une mobilisation partielle, morcelée et tardive des services de l’Etat à l’égard d’une entreprise stratégique pour notre souveraineté et notre défense nationales », alors que Bercy a manifesté dimanche son intérêt en vue d’acquérir des activités souveraines du groupe.

« Nous avons pris toutes nos responsabilités vis-à-vis d’Atos », a répondu le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, interrogé au Sénat par Thierry Meignen (Les Républicains), l’un des rapporteurs de cette mission d’information. « Ce n’est pas parce que nous faisons les choses discrètement que nous ne les faisons pas efficacement », a-t-il poursuivi, ajoutant que ses services travaillaient sur ce dossier depuis des mois.

« La majorité des parties prenantes aurait préféré une intervention proactive et stabilisatrice de l’Etat dès le second semestre 2022 », insistent les rapporteurs dans un communiqué.

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Par ailleurs, l’acquisition par l’Etat des activités stratégiques d’Atos « ne réglera pas la question de l’avenir du groupe », notamment celui de la branche Tech Foundations, qui regroupe les activités historiques d’infogérance, dont certaines sont aussi de nature souveraine, selon les rapporteurs.

« Des contrats sensibles pour nos données et nos services publics sont rattachés à Tech Foundations, dont l’étanchéité avec Eviden n’a toujours pas été clairement démontrée », soulignent-ils. Eviden regroupe les activités cybersécurité, numérique et BDS (la branche big data et sécurité) d’Atos.

Thales intéressé par les activités de défense et de sécurité

Ils font en outre part de leur crainte d’une « vente à la découpe » d’une entreprise qui aurait perdu ses principaux attraits, comme ses supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire ou ses produits de cybersécurité.

Parmi leurs préconisations, les sénateurs recommandent l’entrée de l’Etat au capital d’Atos par l’intermédiaire d’une prise de participation pour lui garantir une place au conseil d’administration et qu’il puisse superviser les activités stratégiques tout en assurant la viabilité du groupe dans son ensemble. Ils recommandent également à une prise de participation majoritaire de Bpifrance au sein de BDS.

Les sénateurs souhaitent que, en cas de cessions d’actifs, « des repreneurs industriels français soient privilégiés » pour « préserver [la] compétitivité [du pays] ».

Pour expliquer la position financière délicate du groupe, la mission d’information met en avant certaines décisions prises lorsque Thierry Breton en était président, entre 2008 et 2019, questionnant notamment la « fréquence et le nombre d’acquisitions, leur prix d’achat (…) ou encore la rapidité et l’exécution des restructurations » durant cette période.

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Ils estiment également qu’Atos aurait pris « certains virages technologiques trop tardivement » et que l’instabilité à sa tête, depuis 2019, a mené « à des logiques financières de court terme ».

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Lancée en février, la mission d’information des commissions des affaires économiques et des affaires étrangères du Sénat a auditionné 84 personnes pendant près de trois mois, dont le président d’Atos, Jean-Pierre Mustier, et son directeur général, Paul Saleh, le 10 avril.

Le géant informatique français a donné jusqu’à vendredi à ses créanciers pour qu’ils lui fassent des propositions de refinancement. Thales serait prêt à envisager un rachat de certaines activités dans la défense et la sécurité, si elles étaient en vente, a annoncé mardi son directeur financier, Pascal Bouchiat.

L’entreprise avait indiqué lundi avoir dorénavant besoin de 1,1 milliard d’euros de liquidités pour son activité en 2024-2025 et vouloir réduire de 3,2 milliards d’euros sa dette brute, qui avoisine les 5 milliards.

Le Monde avec AFP

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