- Le procès de l’assassinat d’Antoine Sollacaro, l’avocat d’Yvan Colonna tué en 2012, s’ouvre ce lundi à Aix-en-Provence.
- Trois membres présumés d’un gang seront jugés, même si le principal accusé, tétraplégique, ne sera pas présent.
Treize ans après, le procès s’ouvre enfin. Plus d’une décennie après l’assassinat d’Antoine Sollacaro, l’avocat d’Yvan Colonna et de l’ex-dirigeant nationaliste Alain Orsoni, le procès des principaux accusés s’ouvre ce lundi 3 novembre devant les assises des Bouches-du-Rhône, à Aix-en-Provence. De quoi rouvrir un dossier qui avait provoqué une « onde de choc »
en Corse comme partout en France.
Souvenez-vous : le 16 octobre 2012, à 9h05, Antoine Sollacaro achète comme chaque matin son journal dans une station-service du bord de mer d’Ajaccio. Assis au volant de sa Porsche Carrera, l’avocat de 63 ans est exécuté de neuf balles, dont cinq dans la tête, par le passager d’une moto. Cet assassinat, le 15ᵉ en Corse en 2012 et le premier depuis 20 ans en France d’un avocat, bouleverse.
« C’est nous qui avons tapé »
Trois membres présumés du gang du « Petit Bar » sont renvoyés devant les assises des Bouches-du-Rhône jusqu’à mi-décembre : Jacques Santoni, 47 ans, le chef présumé de cette bande criminelle, est décrit par la justice comme « le commanditaire »
et le « cerveau »
de l’assassinat et sera jugé pour « complicité d’homicide volontaire en bande organisée » ; André Bacchiolelli poursuivi pour « homicide volontaire en bande organisée » et Mickaël Ettori, en fuite, pour « association de malfaiteurs ».
Tous nient leur implication et le procès va s’ouvrir sous l’hypothèque de l’absence du principal accusé. Jacques Santoni est en effet tétraplégique depuis un accident de moto en 2003, raison pour laquelle il n’est pas détenu en dépit de plusieurs condamnations. Une expertise, à la demande de la cour d’assises d’Aix, vient de conclure que son état de santé n’était pas compatible avec sa comparution aux audiences, mais l’accusation estime que des aménagements sont envisageables.
Pour l’accusation, le mobile du crime serait la rivalité entre le « Petit Bar » et le clan Orsoni, sur fond de mainmise économique sur la Corse-du-Sud. Mais si l’arme du crime n’a pas été retrouvée et qu’aucun ADN n’a permis de confondre les auteurs, la justice s’appuie sur les déclarations du premier repenti de France, Patrick Giovannoni, ex-« petite main » du Petit Bar. Il a affirmé avoir reçu en 2012 des confidences de Jacques Santoni : « c’est nous qui avons tapé »
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Né le 30 janvier 1949 à Propriano (Corse-du-Sud), Antoine Sollacaro, militant nationaliste de la première heure, était bâtonnier d’Ajaccio de 1998 à 1999. Il avait assuré la défense d’Yvan Colonna, condamné à la prison à perpétuité pour l’assassinat du préfet de Corse Claude Erignac en 1998. À la barre, il était connu pour ses plaidoiries pugnaces et cinglantes, voire provocantes, comme en 2009 lorsqu’il compare la cour d’assises spéciale de Paris qui juge Yvan Colonna à une « junte birmane »
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