L’arnaque au faux conseiller bancaire est en pleine expansion.
Pour les contrer, Santo, jeune hacker de 21 ans, a créé Madeleine, une mamie qui a plein d’histoires à raconter aux escrocs.
Il explique le dispositif face aux caméras de « Sept à Huit Life ».
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Sept à Huit Life
L’arnaque au faux conseiller bancaire représente un tiers des fraudes aux moyens de paiement, pour un préjudice total de 379 millions d’euros en 2023. La même année, 18 millions de Français auraient été victimes de tentatives ou d’arnaques avérées. Et tout le monde peut se faire piéger. Mais au fait, comment les arnaqueurs font-ils pour usurper le numéro de téléphone de votre banque ? Ce qu’on appelle communément du spoofing.
Santo, un hacker de 21 ans, dénonce ces pratiques sur les réseaux sociaux. Grâce à une application légale et gratuite, il explique dans la vidéo en tête de cet article, un reportage de « Sept à Huit Life » diffusé le week-end dernier sur TF1, que c’est un jeu d’enfant. « Concrètement, c’est aussi simple que dire ‘bonjour’. On rentre un numéro de téléphone à usurper, le numéro de téléphone à appeler et c’est fait. C’est aussi simple que ça », souligne-t-il.
Si je rentre dans mon application le numéro de votre banquier, et que je vous appelle, ça sera votre banquier qui vous appellera. Votre téléphone ne fera pas de distinction.
Si je rentre dans mon application le numéro de votre banquier, et que je vous appelle, ça sera votre banquier qui vous appellera. Votre téléphone ne fera pas de distinction.
Santo, un hacker qui dénonce ces pratiques
Pour étayer son propos, il va se faire passer pour Monsieur André, le banquier du journaliste. « Si je rentre dans mon application le numéro de votre banquier, et que je vous appelle, ça sera votre banquier qui vous appellera. Votre téléphone ne fera pas de distinction. Alors que ça sera moi », explique-t-il. Dans les faits, les escrocs identifient le numéro de téléphone du banquier à usurper à partir du numéro de la carte que vous leur avez donnée.
« Et maintenant, j’ai plus qu’à composer votre numéro et je vais devenir votre banquier l’espace d’un petit instant, exactement comme les escrocs », poursuit Santo. « Allô ? Monsieur André ? », lance le journaliste sur le point de se faire avoir. « Non, c’est moi », réplique Santo, qui confesse au journaliste qu’il aurait pu être une cible facile. « Tout ce que l’on a vu là est légal en théorie. Mais dans la pratique, ça dépend de ce que l’on en fait. J’ai un numéro de téléphone fixe à la maison, je veux appeler avec mon portable, j’usurpe mon numéro de téléphone fixe, j’ai le droit. Mais voler des clients de banque, je doute que ça soit très légal », ironise le hacker.
Depuis décembre, une loi oblige les opérateurs téléphoniques à couper les communications usurpées. Mais elle ne concerne que les appels en provenance de numéros fixes. Or, les escrocs utilisent le plus souvent des portables. Leurs arnaques ne sont donc pas prêtes de s’arrêter.
Une mamie générée par IA
Alors pour contrer ces jeunes experts en informatique, parfois mineurs et basés en France, Santo le hacker justicier les fait tourner en bourrique sur sa chaîne Twitch. Il se laisse d’abord hameçonner puis leur fait perdre leur temps. Sur le même modèle que Daisy, une mamie générée par un opérateur anglais qui piège les démarcheurs téléphoniques abusifs grâce à l’intelligence artificielle, il a créé Madeleine, une grand-mère qui a tout plein d’histoires à raconter. Et elles n’ont pas grand-chose à voir avec des problèmes de comptes en banque. Elle se lance par exemple sur un plaidoyer de 15 minutes en faveur de sa petit-fille et finit par faire craquer l’arnaqueur. « Arrêtez de me raconter votre vie, s’il vous plaît madame », finit-il par lâcher, épuisé.
« C’est toujours un petit plaisir malsain de les mener en bateau comme ça. Moi, j’aime bien. Le but, il est là. Faire en sorte que Madeleine prenne du temps aux escrocs pour éviter qu’ils ne s’en prennent à quelqu’un d’autre », avance Santo. Grâce à Madeleine, Santo estime éviter chaque jour à cinq personnes de se faire arnaquer. Une goutte d’eau par rapport aux 411.000 victimes qui ont porté plainte en 2023.
