mercredi, décembre 10

Ce n’est pas la fête à tous les étages. Alors que le Premier ministre Sébastien Lecornu savoure la victoire que représente l’adoption par l’Assemblée nationale, sans majorité ni recours au 49.3, du budget de la Sécurité sociale, les oppositions d’extrême droite et de gauche radicale fulminent. Et ce mardi 9 décembre au soir, elles n’hésitent pas à pointer la responsabilité sur le Parti socialiste et les Républicains.

Car dans le même temps, dans le camp des victorieux, on exulte. Après le vote, Sébastien Lecornu a salué une « majorité de responsabilité » et des députés exerçant de « manière nouvelle leur rôle de législateur ». Une manière, entre autres, de remercier les 18 députés LR ont voté pour le texte (3 contre, 28 abstentions), mais aussi les socialistes, qui ont voté massivement en faveur du PLFSS (63 pour, 6 abstentions). « Cette victoire » est « d’abord celle du Parlement », a abondé le patron du PS Olivier Faure, l’autre responsable politique qui aurait été particulièrement affecté par un échec.

Sébastien Lecornu peut-il espérer aller jusqu’au bout après le vote du budget de la sécurité sociale

L’ambiance est donc tout autre sur le banc des députés RN et LFI, qui ont majoritairement voté contre ce texte.

LR accusé d’être la bouée de sauvetage des macronistes

D’un côté, le Rassemblement national s’offusque du rapprochement entre PS et le gouvernement, tout en déplorant le consentement tacite de LR à la majorité. Le président de la formation d’extrême droite Jordan Bardella a ainsi dénoncé un texte « de punition et de taxation », voté grâce à « l’alliance des socialistes et des macronistes, mais aussi grâce au soutien bienveillant, évidemment coordonné avec le Premier ministre, des députés LR. » Un message qui vise, espère-t-il, à flatter les électeurs de droite « qui refusent cette compromission », écrit-il sur X.

Le député RN de la 3e circonscription de la Somme Matthias Renault estime de la même manière sur X que LR a tout simplement été la bouée de sauvetage du gouvernement et du macronisme. « Le PLFSS adopté grâce à LR. Le gouvernement Lecornu sauvé grâce à LR. Bouffée d’oxygène pour Macron grâce à LR. Augmentation de la CSG et des taxes sur les mutuelles grâce à LR », énumère-t-il. Sur la fameuse Contribution sociale généralisée sur le capital, l’Assemblée nationale a effectivement adopté en dernière minute un amendement du gouvernement visant à exclure les « petits épargnants ». Et à tendre une main aux Républicains.

Porte-parole du groupe RN à l’Assemblée, Thomas Ménagé ironise encore : « Bravo aux députés LR qui ont permis l’adoption du PLFSS socialiste de Sébastien Lecornu ! »

Laurent Wauquiez en prend pour son grade

Éric Ciotti, président du groupe groupe Union des droites pour la République à l’Assemblée et principal allié du RN a aussi des griefs contre ses anciens amis de LR et leur président à l’Assemblée : « Le PLFSS socialiste invotable selon Bruno Retailleau passe avec les 18 voix du groupe LR de Laurent Wauquiez. Après s’être allié avec la macronie, Laurent Wauquiez est maintenant totalement inféodé aux socialistes et écologistes. »

D’ailleurs, au sein même du groupe LR, tout le monde ne fait pas bonne figure ce mardi soir. « Ce texte n’est ni parfait, ni idéal. C’est un moindre mal », s’accommode Laurent Wauquiez, président des députés LR. Son rival et président du parti Bruno Retailleau est beaucoup plus incisif : « Je persiste à dire que ce n’est pas un bon budget pour la France. (…) Ce ne sont pas nos convictions ni nos propositions. »

« Ce désastre vous est offert par le vote ’pour’ du Parti socialiste »

De l’autre côté de l’échiquier politique, à gauche, c’est à nouveau le PS qui se fait taper sur les doigts par LFI. Mathilde Panot, présidente du groupe Insoumis à l’Assemblée, n’y va pas de main morte : « Le rejet du budget mortifère de la Sécurité Sociale aura échoué à 13 voix près. 4 milliards de coupes sur la santé, baisse des allocations familiales, limitation des arrêts maladies ou encore augmentation du prix des mutuelles ». Avant de s’en prendre directement au parti de la rose : « Ce désastre vous est offert par le vote ’pour’ du Parti socialiste, qui rejoint définitivement la Macronie, ainsi que par l’abstention d’une partie des écologistes. »

Même son de cloche du côté de l’Insoumise Aurélie Trouvé : « Tous ceux qui ont voté pour, dont les députés socialistes, s’inscrivent désormais en soutien de ce gouvernement. »

Dans le même camp, la vice-présidente de l’Assemblée nationale Clémence Guetté se désole de l’attitude d’un parti au côté duquel les Insoumis avaient formé le NFP lors des dernières législatives : « Le Parti socialiste entre donc dans la coalition autour de Lecornu. Dégoût. Et pensée pour tous les Français qui leur ont fait confiance l’année dernière. » La députée du Val-de-Marne n’hésite d’ailleurs pas à mettre LR et PS dans le même panier, parlant d’une « alliance PS-macronistes-LR ». Et de lister « les horreurs [budgétaires] qu’ils viennent de permettre ».

En réponse, le groupe socialiste, qui était à la manœuvre pour construire le compromis avec Sébastien Lecornu sur le budget, a rappelé dans une curieuse formulation son « opposition déterminée à combattre la politique d’Emmanuel Macron ». Mais son président Boris Vallaud a aussi défendu « deux préoccupations », celle « d’être utile » aux Français et de « défendre la possibilité du débat parlementaire, plutôt que d’abandonner la démocratie à ses ennemis mortels du Rassemblement national », sous-entendant qu’une censure aurait ouvert la voie du pouvoir au groupe de Marine Le Pen.

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