La quatorzième défaite de rang aura été celle de trop. Une semaine après avoir été submergée, sur la pelouse du Stade de France par les Bleus (0-43), et trois jours après la déroute en Italie (15-22), la sélection masculine de rugby du Pays de Galles s’est séparé de son entraîneur, Warren Gatland, mardi 11 février « avec effet immédiat ». Une éviction rare, alors que le Tournoi des six nations bat son plein, mais estimée nécessaire par la fédération galloise (WRU), alors que le XV du Poireau est englué depuis plusieurs années dans une crise dont il ne se sort pas.
« La WRU et Warren ont convenu qu’un changement immédiat était dans le meilleur intérêt de l’équipe », annonce l’instance dans un communiqué, précisant que l’Anglais Matt Sherratt, actuel entraîneur de l’équipe de Cardiff, « prendra les rênes [de la séléction] pour les trois derniers matchs » de la compétition.
S’il est originaire de Nouvelle-Zélande, où il a pas mal roulé sa bosse comme talonneur, c’est au Pays de Galles que Warren Gatland s’est forgé ses lettres de noblesse. Arrivé à la tête de l’équipe fin 2007 – après avoir précédemment dirigé l’Irlande –, le technicien mène les Dragons rouges au grand chelem dans les Six nations dès sa première année. Trois autres sacres (dont deux grands chelems) suivront dans la compétition continentale.
Vers une deuxième cuillère de bois d’affilée
Après avoir quitté le XV du Poireau fin 2019, au sortir de la Coupe du monde au Japon finie à la quatrième place (après avoir notamment éliminé la France en quarts de finale), Warren Gatland a été rappelé fin 2022 par la fédération galloise. Alors que la situation du rugby dans le pays ne cesse de dégringoler – des clubs faisant faillite, et le renouvellement de génération peinant à s’effectuer –, les coéquipiers du capitaine Jac Morgan peinent à battre la moindre équipe, ne s’illustrent guère à la Coupe du monde 2023, et dégringolent à partir de 2024.
Après avoir décroché la « cuillère de bois », qui distingue l’équipe terminant le Tournoi des six nations sans aucune victoire, en 2024, Warren Gatland avait proposé sa démission. Alors que la sélection continuait d’enchaîner les défaites, le technicien de 61 ans se savait sur la sellette. La quatorzième de rang, samedi 8 février à Rome, condamnant les Dragons à une probable dernière place cette fois encore dans la compétition, ce qui ne leur est jamais arrivé dans l’histoire de la compétition plus que centenaire, a scellé son sort.
« Nous sommes reconnaissants envers Warren pour tout ce qu’il a apporté au rugby gallois. Il reste notre sélectionneur le plus ancien et le plus titré en termes de trophées remportés », salue la WRU dans son communiqué, mardi. « J’arrive au terme de ce chapitre, mais je reste reconnaissant envers tous ceux au Pays de Galles qui m’ont soutenu », assure l’intéressé dans le texte de l’instance. Son successeur Matt Sherratt, qui « a répondu sans hésitation à l’appel du Pays de Galles », aura fort à faire pendant son intérim.