La santé mentale des adolescents stagne à un « niveau préoccupant », selon le baromètre de l’Ipsos publié ce vendredi 14 mars.
45% des jeunes Français souffriraient de troubles anxieux.
En cause, la pression ressentie à l’école et le cyberharcèlement, notamment.
Des collégiens particulièrement angoissés ? C’est en tout cas la conclusion du baromètre sur le moral des adolescents (nouvelle fenêtre) publié par l’Ipsos ce vendredi 14 mars pour le laboratoire Notre avenir à tous. En s’intéressant au « bien-être psychologique » de 1.000 jeunes représentatifs de la population française, âgés de 11 à 15 ans en 2024, les auteurs de l’étude tirent la sonnette d’alarme : la santé mentale ne s’améliore pas, l’anxiété (nouvelle fenêtre) touchant particulièrement cette tranche d’âge.
40% des adolescents seraient potentiellement concernés par des symptômes dépressifs plus ou moins sévères
40% des adolescents seraient potentiellement concernés par des symptômes dépressifs plus ou moins sévères
Baromètre Ipsos sur le moral des adolescents
« Un adolescent sur quatre fait l’objet d’une suspicion d’un trouble anxieux généralisé » et « 45% des adolescents en France seraient potentiellement concernés par des troubles de l’anxiété ». Depuis 2021, ces chiffres, très élevés, restent stables. À noter que les garçons et les filles, peu importe leur milieu social, sont touchés dans les mêmes proportions.
Cette anxiété est notamment mesurée avec les symptômes de la dépression : difficultés de concentration, troubles du sommeil, perte d’énergie, voire idées suicidaires dans les cas les plus graves. « 40% des adolescents seraient potentiellement concernés par des symptômes dépressifs plus ou moins sévères » et « 17% seraient susceptibles de souffrir de troubles modérément sévères à sévères », souligne le baromètre. Un indicateur atteint, lui, un record : le sentiment de fatigue. 72% des adolescents la ressentent quotidiennement, soit quatre points de plus par rapport à l’année dernière.
Si un collégien interrogé sur dix estime n’aller que « moyennement » bien, très rares sont ceux à en parler à leurs proches ou à un professionnel de santé. Pourquoi ? D’abord parce qu’ils n’en ont pas envie, dans 34% des cas, mais aussi parce « qu’ils considèrent que ce n’est pas assez grave » (32%).
La peur de la réaction des parents face à une mauvaise note
Cette anxiété vient principalement d’un lieu : l’école, « source forte d’angoisse pour un adolescent sur quatre ». Le système de notation et de contrôles sur table est le premier facteur de stress, « loin devant les disputes avec les amis, la famille ou les relations amoureuses ». « Lorsqu’ils ont une mauvaise note, les deux tiers des adolescents pensent en premier à la réaction de leurs parents, tandis qu’un sur cinq craint d’abord l’impact que la mauvaise note va avoir sur son image (22%) », est-il détaillé dans le baromètre.
Autre élément anxiogène pour la jeune génération : le cyberharcèlement. Ces comportements répréhensibles passent à la fois par des moqueries répétées, des rumeurs, des insultes, des menaces mais aussi la diffusion d’informations intimes. « 22% des élèves déclarent avoir déjà subi une situation de cyberviolence sur les réseaux sociaux. Si l’on se fie à leurs déclarations, le phénomène serait en diminution de près de neuf points depuis 2022 (31%). » Une bonne nouvelle qui pourrait « peut-être s’expliquer pour partie par une légère diminution du temps que les adolescents déclarent passer sur les écrans » : 5 heure 24 minutes en 2024 contre 6 heures 42 minutes en 2021.
Cette angoisse importante semble même avoir des conséquences à long terme : trois adolescents sur cinq ne savent pas s’ils voudront des enfants à l’âge adulte. Ainsi, « l’état du monde » est devenu la première raison pour expliquer un non-désir d’enfant.