mercredi, mai 22
Le campus de l’université Bordeaux-Montaigne à Pessac, dans le sud-ouest de la France, le 16 avril 2024.

Les universités françaises n’ont pas été épargnées par l’onde de choc de la guerre entre Israël et le Hamas. Elles sont confrontées à une augmentation des actes antisémites et à de fortes tensions dans les débats autour du conflit israélo-palestinien. Président de l’association France Universités, Guillaume Gellé analyse ce dont l’université a besoin pour relever ce double défi et répond aux accusations de déni formulées par certains parlementaires.

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Quelles ont été les répercussions du conflit Israël-Hamas sur les universités ?

Après l’attaque du 7 octobre 2023, on a eu le sentiment que le nombre d’actes antisémites était en train d’augmenter fortement. Nous avons organisé une enquête pour le vérifier. Elle a révélé une multiplication par deux des actes d’antisémitisme dans les universités (67 actes depuis le 7 octobre), comparativement à l’année 2022-2023 (33 actes antisémites). Ce sont des dérives inacceptables qui n’ont pas leur place sur nos campus. Mais rappelons-nous que les universités ne sont pas en dehors de la société, elles souffrent des mêmes maux. Or, selon le Conseil représentatif des institutions juives de France, le nombre d’actes antisémites en France a été multiplié par quatre entre 2022 et 2023.

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Dans un sondage commandé par l’Union des étudiants juifs de France en septembre 2023, 91 % des étudiants juifs ont dit avoir subi des actes ou propos antisémites pendant leur scolarité. Pensez-vous qu’il y ait un problème de remontées des faits d’antisémitisme à l’université ?

Oui. Ce que l’on observe, c’est qu’en cas de problème, les étudiants ont davantage tendance à se tourner vers des associations spécialisées que vers l’institution universitaire. Il faut qu’on arrive à changer ça. Une libération de la parole est nécessaire, à l’image de ce qui a été fait pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles.

Nous devons proposer des dispositifs clairs, visibles, garantissant la confidentialité, qui permettent aux étudiants de signaler des actes ou propos antisémites et racistes dont ils seraient victimes. Sur ce point, je salue l’initiative de l’université de Strasbourg qui a mis en place un système de signalement spécifique avec une cellule dédiée.

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Nous demandons aussi à avoir des canaux de communication directs avec le ministère de la justice pour être plus efficaces. France Universités propose la désignation d’un référent enseignement supérieur et recherche auprès de chaque parquet. Actuellement, lorsque nous engageons des actions en justice, nous n’avons pas forcément de retours. C’est un vrai handicap pour convaincre les étudiants de se tourner vers nous.

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