- Derrière les mentions rassurantes, de nombreux produits pour bébés sont en réalité ultratransformés.
- C’est ce qui ressort de l’étude de « 60 Millions de consommateurs », publiée ce jeudi 18 décembre.
Le rayon alimentation pour bébé des grandes surfaces n’a jamais été aussi fourni. Il regorge de plats salés ou sucrés, riches en multiples saveurs et adaptés aux différents âges (à partir de 6 mois, 8 mois…) et aux différents moments de la journée (petit dej’, goûter…). Un vaste choix parfaitement « marketé », avec des emballages rassurants multipliant les mentions telles que «
sans sucres ajoutés
«
, « source de calcium »
, « sans colorant »
ou « sans conservateur »
.
Ces produits nous semblent donc forcément sans reproche. Qu’en est-il vraiment ? Le magazine 60 Millions de consommateurs
s’est penché sur cette question dans un hors-série publié ce jeudi 18 décembre et que TF1info a pu consulter en avant-première. Il en ressort que de nombreux produits pour bébés sont en réalité ultratransformés.
58,2% des aliments pour bébés peuvent être considérés comme ultratransformés
L’organisme de défense des consommateurs a passé au crible 165 produits alimentaires à destination des bébés, de marques nationales et de marques de distributeur, dans six catégories de produits. Résultat : 58,2% des aliments pour bébés peuvent être considérés comme ultratransformés, soit 96 aliments sur 165. « C’est moins que dans
l’alimentation ciblée enfants
(80%), mais cela reste élevé »
, alerte l’association. De quoi s’agit-il ? « Ce sont des aliments formulés à partir d’ingrédients reconstitués (farines raffinées, amidons modifiés, isolats, huiles recomposées…), de nouvelles technologies (extrusion, par exemple) et de substances ajoutées (émulsifiants, texturants, arômes), destinés à modifier la texture, le goût, la saveur ou la couleur, et à
en assurer la conservation. Souvent, ils rendent la nourriture hautement appétissante »
, explique 60 Millions de consommateurs
.
Les deux catégories les plus ultratransformées sont, de loin, celle des desserts lactés (96,9%, soit 31 produits sur 32) suivie des biscuits infantiles (92,9%, soit 13 produits sur 14). Non seulement la quasi-totalité des produits de ces familles sont concernés, mais ils contiennent aussi davantage de marqueurs d’ultratransformation (MUT), parmi lesquels de la lécithine de soja – un émulsifiant naturel – de l’amidon, des arômes et des jus de fruits concentrés, détaille l’étude.
À l’inverse, la catégorie la moins ultratransformée est celle des repas salés (29,7%, soit 22 produits sur 74). Enfin, l’amidon (de blé, de maïs, de riz) est le marqueur d’ultratransformation le plus fréquent. Il est surtout présent dans les desserts lactés, les biscuits et les plats salés et sert à donner de la texture. Le deuxième MUT le plus fréquent est le jus de fruits concentré, essentiellement dans les compotes, suivi des arômes, dans les desserts lactés, précise l’étude.
Pour autant, l’alimentation infantile fait l’objet d’une réglementation stricte : 65 additifs y sont autorisés contre plus de 320 dans les produits pour adultes. Les colorants sont interdits, les conservateurs fortement limités et les pesticides très restreints.
Autre point rassurant, l’industrie infantile est soumise à une réglementation précise pour tenir compte des besoins physiologiques à cet âge : moins de protéines, des apports en lipides, fer et vitamine D adaptés, des teneurs en sodium
volontairement faibles. Mais ces exigences ne font pas pour autant barrage à l’ultratransformation, insiste l’organisme de défense des consommateurs. Et pour cause, les industriels profitent de l’absence de définition. Cette notion « n’est pas définie de manière claire et fait encore débat au sein même de la communauté scientifique »
, se défend ainsi Floriane Poulain, secrétaire générale du Secteur français des aliments de l’enfance (SFAE), dans le hors-série de 60 Millions de consommateurs
. Elle rappelle les conclusions récentes de l’Anses qui vont dans ce sens : « sans définition, pas de recommandation officielle ».
Autre point régulièrement avancé par les fabricants : les contraintes technologiques. Dans les desserts lactés, par exemple, la réglementation limite la teneur en protéines, ce qui rend la préparation plus liquide. En conséquence, pour être mangée à la cuillère, elle nécessite d’ajouter des épaississants : en l’occurrence de la pectine et de l’amidon. Deux marqueurs d’ultratransformation.




