Avant sa mort, Alain Delon avait exprimé sa volonté d’être enterré aux côtés de son chien Loubo, qui aurait alors été euthanasié. « Si je meurs avant lui, je demanderai au vétérinaire qu’on parte ensemble. Il le piquera afin qu’il meure dans mes bras”, avait-il expliqué lors d’un entretien à Paris Match. Finalement, Loubo a été accueilli par les proches d’Alain Delon après la mort de l’acteur, en août 2024.
En France, une telle pratique est totalement illégale, conformément à l’article L2223-3 du Code général des collectivités territoriales, « la sépulture dans un cimetière d’une commune est exclusivement due » aux dépouilles humaines. Les animaux de compagnie ne peuvent donc pas être inhumés auprès de leurs propriétaires dans un cimetière public.
Selon le baromètre Facco-Odoxa datant de 2025, la France compte 79 millions d’animaux de compagnie. Au total, ce sont 61% des Français qui en possèdent au moins un. Les demandes formulées pour pouvoir être enterrées ensemble semblent se multiplier. Alors faut-il légaliser l’inhumation des animaux avec leurs propriétaires?
Par-delà les frontières françaises, plusieurs pays européens ont décidé d’autoriser l’enterrement des animaux avec les êtres humains. C’est le cas en Allemagne, en Suisse, au Royaume-Uni ou encore en Belgique wallonne. Chez nos voisins Belges, une seule condition s’impose: que la mort de l’animal soit antérieure à la mort de son propriétaire. Il n’est donc pas question d’euthanasier un animal de compagnie pour qu’il soit inhumé avec son maître.
« Il y a de plus en plus de demandes »
En France, la Fondation Brigitte Bardot, qui se bat depuis plus de 60 ans en faveur de la cause animale, est favorable à cette pratique. « Nous aimerions qu’il soit possible d’inhumer les animaux avec leurs propriétaires. Mais comme en Wallonie, il faut que l’animal meure avant et qu’il ait déjà été incinéré », nuance Adriana Oancea Negro, directrice des Affaires Publiques et Internationales de la Fondation.
« Nous comprenons qu’il y a de plus en plus de demandes. C’est légitime. La place des animaux a beaucoup évolué, ils font parfois partie de la famille », poursuit-elle. Pour la Fondation Brigitte Bardot, y être favorable, c’est « soutenir l’évolution de la place de l’animal dans notre société ».
« Il n’y aura aucune difficulté à ce qu’une proposition de loi aboutisse », croit Adriana Oancea Negro. « C’est un sujet qui peut faire consensus et qui n’est pas polémique », estime la directrice des Affaires Publiques et Internationales de la Fondation Brigitte Bardot.
« Nous soutiendrons le ou les parlementaires qui porteront cette loi », indique l’ONG française, qui n’hésitera pas à « travailler avec les élus pour les aider » à faire adopter la loi. « Certains contournent la loi en camouflant les cendres de leur animal dans un objet, qu’ils insèrent ensuite dans le cercueil. Donc ce serait plus simple de l’autoriser », admet Adriana Oancea Negro.
Au niveau local, « beaucoup de maires sont saisis par leurs administrés », lesquels demandent à pouvoir s’inhumer avec leur animal », précise-t-elle encore.
Un dossier régulièrement mis en avant
Plusieurs députés ou ex-députés, à l’image de Lise Magnier, Kévin Pfeffer ou Alexandre Vincendet, ont formulé des questions écrites au gouvernement en 2018, 2022 et 2024 pour les interpeller sur cette thématique.
« Le Conseil d’État a justifié l’interdiction faite à un concessionnaire de caveau de s’y faire inhumer avec son chien en se fondant sur la notion de dignité des morts, qui implique de séparer strictement les espaces dédiés à l’inhumation des hommes et des animaux de compagnie », a répondu le ministère de l’Intérieur à Alexandre Vincendet en septembre 2023.
En plein débat sur le budget, l’Assemblée nationale ne devrait pas s’emparer de ce sujet avant plusieurs mois. « Une modification du droit applicable nécessiterait une évolution législative après avis du Conseil national des opérations funéraires », a par ailleurs indiqué le gouvernement.
Article original publié sur BFMTV.com




