samedi, septembre 21

Une survivante du macronisme originel. Lorsque le 16 octobre 2018, Agnès Pannier-Runacher est nommée secrétaire d’Etat à Bercy, cette dirigeante dans le privé, passée par l’inspection générale des finances, est regardée avec un peu de mépris par les professionnels de la politique. Une technocrate sans habileté politique, murmurent-ils.

Six ans plus tard, alors que les Richard Ferrand, François Bayrou, Christophe Castaner ou Bruno Le Maire ont tous disparu des castings gouvernementaux, elle sera la seule personnalité des premiers gouvernements Macron à être encore présente à la table du conseil des ministres.

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Nommée samedi 21 septembre au poste de ministre de la transition écologique et de l’énergie, elle a donc finalement été retenue par le premier ministre, Michel Barnier. Ces dernières semaines, elle avait pourtant été une des voix du bloc central à mettre en garde contre une droitisation du macronisme. « La France n’est pas à droite. Je ne suis pas la seule à le penser, nombre de mes collègues me le disent aussi, avait-elle ainsi déclaré à L’Express le 8 août 2024 en prônant une alliance large allant jusqu’à la gauche. Il s’agit là d’une vérité parallèle qui pollue le débat public. [La France] est sans doute [à droite] en matière d’autorité, mais en matière économique et sociale, elle est à gauche. »

Choix par défaut

Dans un premier temps, Michel Barnier aurait bien aimé choisir pour ce poste quelqu’un issu de la société civile ou une personnalité de gauche. Mais Agnès Pannier-Runacher s’est finalement imposée dans ce grand ministère après avoir multiplié les expériences gouvernementales.

A Bercy, elle s’est d’abord occupée de l’artisanat et du commerce entre 2018 et 2020. Une fonction où cette ancienne énarque, amie de promotion du secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, est obligée de se déporter de certains dossiers liés à des entreprises pour lesquelles elle avait travaillé (La Compagnie des Alpes). Idem pour Engie, qui employait son époux. Devenue ministre déléguée en charge de l’industrie entre 2020 et 2022, elle gère le plan d’achat des vaccins pour lutter contre la pandémie de Covid-19, mais aussi le plan de relance de certaines filières, notamment dans le secteur de l’énergie.

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Femme de dossiers, Agnès Pannier-Runacher est réputée s’approprier rapidement les enjeux des secteurs dont elle a la responsabilité. A la tête d’un ministère de la transition énergétique à partir de mai 2022, elle est censée porter la nouvelle stratégie du président Emmanuel Macron, dévoilée quelques mois plus tôt à Belfort. Pour « sortir le pays des énergies fossiles », la France mise à la fois sur une relance forte de la filière nucléaire et sur le développement des énergies renouvelables. Outre la construction de nouveaux réacteurs, la ministre défend une réforme extrêmement contestée de la gouvernance de la sûreté nucléaire (entraînant la fusion de l’Autorité de sûreté nucléaire et de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) encore à mettre en œuvre, et lance au niveau européen une Alliance du nucléaire destinée à promouvoir l’atome. A ce moment-là, elle porte aussi cette ligne à l’international puisque c’est elle qui représente la France lors des négociations des Conférences des parties (COP) pour le climat.

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