samedi, octobre 5

En Afrique du Sud, dans la région du Cap, la culture française est très présente.
Un héritage qui remonte au XVIIe siècle lorsque des familles protestantes s’y sont installées, chassées par la révocation de l’édit de Nantes.
Le JT de TF1 Weekend est allé à la rencontre de leurs descendants.

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Le WE

Des paysages à couper le souffle, neuf mois de beau temps par an, du sport à profusion… Le Cap, en Afrique du Sud, est une ville où il fait bon prendre l’air. Une carte postale qui attire beaucoup de touristes : deux à trois millions chaque année, mais pas seulement. Certains Français y ont ainsi pris racine depuis quelques décennies. Comme Thomas Rozell, un Breton de Lorient, qui vit au Cap depuis 20 ans et qui tout naturellement a ouvert une crêperie. Dans son échoppe, tout tourne autour du sarrasin. « Ça a pris un moment, mais aujourd’hui, on vend plus de galettes que de crêpes au Cap », avoue-t-il dans le reportage ci-dessus. 

À quelques encablures de son restaurant, partons à présent à Observatory, un faubourg de la banlieue sud de la ville. Frédéric Jacquier, alias DJ Fred Spider, y a monté deux boutiques de fringues et une consacrée aux disques. Et là aussi, la France n’est pas très loin. Des vinyles d’Yves Montand, de Charles Aznavour ou encore de Véronique Sanson trônent dans ses bacs au milieu des artistes internationaux. Il faut dire qu’avec 3.600 Français vivant au Cap, la culture hexagonale est bien présente.

Le bateau qui amène ses premiers Français, met quatre mois et demi pour venir jusqu’ici et 19 personnes vont mourir au cours de ce voyage.

Stephan Kacedan, propriétaire d’une agence de voyages

Pour comprendre cette présence française, il faut reconstituer un morceau d’histoire avec l’aide de Stephan Kacedan, l’un des vétérans de la communauté francophone. Il est à la tête d’une agence de voyages depuis 31 ans. « Cette côte majestueuse, c’est ça que les Huguenots français, qui sont arrivés au milieu du XVIIᵉ siècle, ont vu », lance-t-il. Les Huguenots, ce sont ces protestants qui fuient la France, persécutés suite à la révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV en 1685. Beaucoup se réfugient alors aux Pays-Bas. 

Certains d’entre eux y sont recrutés par la compagnie des Indes Orientales, déjà installée au Cap. « Cape Town est d’une importance vitale pour les compagnies des Indes. C’est le point de passage au milieu de la route qui va vers la route des Indes. Il est très important, dans un voyage qui est très long, d’y faire escale », explique notre guide. Au départ, 178 familles huguenotes sont du premier voyage. « Le bateau, à l’époque, qui amène ses premiers Français, met quatre mois et demi pour venir jusqu’ici et 19 personnes vont mourir au cours de ce voyage », précise-t-il.

La langue française a disparu.

Très vite, ces Huguenots sont envoyés dans l’arrière-pays. Le gouverneur leur a promis autant de terres qu’ils pourront en cultiver. Certains d’entre eux s’installent dans une vallée derrière les montagnes, à 60 kilomètres de la côte. À l’époque, la vallée est peuplée d’éléphants. Ils mettront trois ans à la défricher et très vite, on nommera le lieu : Franschhoek, le « coin des Français », en néerlandais. Un musée leur est d’ailleurs consacré. « C’était le seul endroit dans la colonie du Cap où les Huguenots étaient en majorité », explique Siegfried Schäfer, l’historien local.

Sur les 178 premières familles débarquées au Cap, neuf viennent s’installer ici. « Dans beaucoup de cas, les Huguenots ont quitté la France avec seulement leurs habits sur le dos, et parfois une bible. L’une d’elle appartenait à un certain Paul Joubert. Il l’aurait fait sortir de France en la cachant dans une miche de pain », indique Siegfried Schäfer. D’autres objets ont un passé moins glorieux, comme cette cloche qui servait à appeler les esclaves. « Le nombre de Huguenots qui se sont installés dans la colonie du Cap est très faible. Ils représentent 1 % seulement de ceux qui ont fui la France. Mais ils ont joué un rôle disproportionné dans le développement de l’Afrique du Sud », poursuit-il. On s’en doute bien, notre guide connaît du monde à Franschhoek. 

Il nous a arrangé un petit rendez-vous avec Gideon Roux, maître bâtisseur, comme son père et son grand-père. « Je suis de la neuvième génération à habiter Franschhoek. Pierre, le deuxième fils de Paul, est le premier enfant huguenot à être né en Afrique du Sud », dit-il en sondant ses archives familiales. Pierre n’a probablement presque jamais parlé français. La langue était proscrite, interdite à l’école, et à l’église, la messe se tenait en néerlandais. Résultat, en une génération seulement, la langue française a disparu. « Les Néerlandais ont essayé de détruire ce qu’il y avait de français chez ces Français parce que c’étaient des réfugiés. Ils avaient peur d’eux. On a toujours notre identité, mais on a perdu notre culture. Notre culture est devenue sud-africaine », constate Gideon. 

L’aristocratie afrikaner, ce sont les Huguenots français. Dès les débuts, ils cultivent la vigne. Aujourd’hui, à part le « pinotage », une création sud africaine, tous les cépages cultivés dans le pays sont originaires de France. Trois siècles après eux, Christophe Durand, venu lui aussi de France, a décidé de s’investir dans le terroir sud africain en y produisant son propre vin avec Sabrina, sa compagne et associée sud africaine. Ce qui leur a mis le pied à l’étrier il y a presque déjà 28 ans, ça a d’abord été l’importation de barriques françaises. Aujourd’hui, ils goûtent leur nouveau millésime, du Chardonnay pressé deux jours plus tôt : ce sera la cuvée Anaïs, du nom de leur fille. 

La suite du reportage de TF1 au Cap dans la vidéo en tête de cet article.


Virginie FAUROUX | Reportage TF1 : Adrien Ponsard

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