jeudi, décembre 18

Un des cinémas historiques de Kaboul, l’Ariana, restauré en 2004 avec l’aide de professionnels du cinéma français, a été détruit et doit laisser place à un centre commercial, ont constaté jeudi des journalistes de l’AFP.

Depuis leur retour au pouvoir en 2021, les autorités talibanes imposent une version ultra-rigoriste de la loi islamique et ce cinéma, comme d’autres, était fermé depuis plusieurs années, mais son bâtiment était resté intact, sur une des places du centre de la capitale de l’Afghanistan.

Jeudi, un amas de gravats était visible depuis la rue et un panneau sur le chantier annonçait : « un centre commercial moderne va être construit ici ».

« La nouvelle de la destruction du cinéma Ariana a brisé mon coeur. Nous y avions tant de bons souvenirs (…) Il y avait une vie à l’époque », a confié une habitante de Kaboul âgée de 65 ans, qui y allait souvent avec ses parents dans les années 1970.

Construit dans les années 1960, l’Ariana était alors l’un des lieux de prédilection des résidents de la capitale afghane, qui aimaient y voir des films du monde entier.

L’édifice avait été totalement détruit lors de la guerre civile (1992-1996). Pillé, tombant en ruine, il était resté à l’abandon sous le premier régime des talibans (1996-2001), qui proscrivaient toute forme de loisir.

Mais en 2004, le cinéma avait pu rouvrir après une vaste restauration menée par des architectes français de l’atelier Lalo. L’opération avait pu être financée grâce à la mobilisation de l’association « Un cinéma pour Kaboul », présidée par le metteur en scène français Claude Lelouch, Palme d’Or à Cannes pour Un homme et une femme.

Le ministre français de la Culture de l’époque, Renaud Donnedieu de Vabres, et plusieurs metteurs en scène avaient fait le déplacement pour inaugurer la nouvelle salle de 600 places avec ses fauteuils en bois recouverts de velours rouge, le 23 mai 2004.

« Un cinéma est toujours une lumière dans la ville », avait alors souligné le président français Jacques Chirac.

« Le cinéma Ariana n’était pas une ruine à abattre, mais une mémoire à rouvrir. On l’a déjà détruit une fois par la guerre civile. Cette fois, c’est pire: on l’efface au nom du +moderne+. Le moderne sans âme, sans images, sans silence partagé dans le noir », a regretté auprès de l’AFP l’écrivain et cinéaste franco-afghan Atiq Rahimi.

Il y avait montré son premier film en 2004: « quand on croyait, un instant, que la culture pouvait survivre à la barbarie », a-t-il ajouté.

qb-iw/thm

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