samedi, mai 18

Le dossier s’épaissit. Mardi 23 avril au matin, le collectif de victimes présumées de l’institut Notre-Dame de Bétharram a déposé 43 nouvelles plaintes pour violences physiques et sexuelles au sein de cet établissement privé sous contrat près de Pau. Au total, depuis le début de l’année, 76 plaintes ont été transmises au procureur de la République de Pau, dont 38 pour des agressions de nature sexuelle, selon Alain Esquerre, lanceur d’alerte sur ce dossier.

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Parmi ce nouveau corpus de plaintes, beaucoup de témoignages font état de violences physiques « s’apparentant à des actes de torture et de barbarie », décrit l’homme de 52 ans, ancien élève de 1980 à 1986 de l’établissement connu dans toute la région pour ses méthodes à l’époque rigoristes.

Les plaintes sont aussi liées à des faits plus récents. Si les premiers dépôts concernaient plutôt les années 1970 à 1990, avec des faits majoritairement prescrits, Alain Esquerre affirme que des épisodes de violences dans les années 2000 commencent à remonter. « On continue de nous dire que ce sont des faits anciens pour justifier de ne pas creuser davantage ces histoires. Mais une des victimes a 34 ans aujourd’hui. Ce n’est pas vieux », enchaîne-t-il.

« Fort sentiment de culpabilité »

Toujours selon le porte-parole du collectif, 21 personnes sont désormais visées par ces plaintes, dont une dizaine sont encore vivantes. Une plainte pour viol d’un enfant de 8 ans par un autre élève adolescent aurait aussi été déposée. « La parole des plus jeunes commence à se libérer », assure Alain Esquerre, qui espère l’ouverture d’une information judiciaire. « Certaines personnes ne déposeront peut-être jamais plainte », regrette Katia Legret, directrice de l’Apavim, association paloise d’aide aux victimes suivant le dossier, car « elles ressentent encore aujourd’hui un fort sentiment de culpabilité par rapport à ce qu’elles ont vécu ».

En attendant, le parquet de Pau, qui confirme le nouveau dépôt de plainte, a ouvert une enquête préliminaire le 1er février. « Les gendarmes se consacrent actuellement au recueil des auditions des plaignants, confirme Rodolphe Jarry, procureur de la République. Pour ceux qui sont les plus éloignés de Pau, les unités territorialement compétentes seront sollicitées pour procéder auxdites auditions. »

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L’affaire continue de secouer le milieu ecclésiastique dans la région. Dimanche 21 avril, un pèlerinage, qui devait partir du sanctuaire de Bétharram, a été déplacé. « Il nous est apparu que les protestations des victimes ou des personnes que choque le choix, à leurs yeux symbolique, de Bétharram comme point de départ du pèlerinage, étaient non seulement recevables, mais parfaitement compréhensibles », a corrigé Monseigneur Marc Aillet, l’évêque de Bayonne, dans un communiqué du 19 avril. Le diocèse de Bayonne a modifié le point de départ « dans un souci d’apaisement et de solidarité avec ces victimes ».

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