mardi, janvier 7

Nicolas Sarkozy est jugé à partir de ce lundi 6 janvier dans l’affaire des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.
Onze autres prévenus comparaissent à ses côtés, dont trois anciens ministres.

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Affaire libyenne : Sarkozy mis en examen

Quelques jours après avoir été condamné à un an de prison ferme dans l’affaire des écoutes, Nicolas Sarkozy est de retour devant la justice. À partir de ce lundi 6 janvier s’ouvre en effet le procès sur le supposé financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. Des soupçons de corruption, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs pèsent sur l’ancien chef de l’État. Pour faire court, il est soupçonné d’avoir laissé agir en « parfaite connaissance de cause » ses proches pour « obtenir des soutiens financiers des autorités libyennes ». Mais il n’est pas le seul prévenu dans cette affaire, puisque onze autres personnes vont également comparaître (initialement, ce total était de douze, mais l’avocat malaisien Sivajothi Rajendram est décédé). On fait le point. 

Les Sarkosystes

Trois anciens ministres, tous proches de l’ancien président de la République, font face à la justice. L’ex-secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant, aurait joué le rôle présumé d’intermédiaire afin d’obtenir des fonds des Libyens, via les réseaux des affairistes Ziad Takieddine et Alexandre Djouhri. Il devra également s’expliquer sur un virement postérieur à la présidentielle : 500.000 euros reçus en 2008, qui ont servi selon l’accusation à rétribuer des interventions en faveur d’Alexandre Djouhri. Claude Guéant affirme qu’il est le fruit de la vente de tableaux d’un peintre flamand à l’avocat Sivajothi Rajendram.

Brice Hortefeux, ex-ministre de l’Intérieur, aurait lui aussi fait figure d’intermédiaire dans les transactions réalisées via le réseau de Ziad Takieddine. Il est, par ailleurs, soupçonné d’avoir organisé des transferts de fonds publics via des comptes offshore. Enfin, Éric Woerth, ancien détenteur du portefeuille du Travail et du Budget, aurait, dans le cadre de ses fonctions de trésorier de la campagne de 2007, justifié la circulation d’argent liquide au sein de l’équipe de Nicolas Sarkozy par des dons anonymes reçus par courrier.

En outre, l’ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy, Thierry Gaubert, est soupçonné d’avoir reçu 440.000 euros de l’intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine. Cette somme aurait pu alimenter la campagne grâce à des retraits en liquide en 2006 et 2007. 

Les intermédiaires officieux

Ziad Takieddine est au centre de ce dossier, en plus d’en être l’accusateur principal. Le septuagénaire franco-libanais, aux versions évolutives, ne devrait pas comparaître, étant en fuite au Liban. Il n’en reste pas moins qu’il a affirmé avoir remis entre fin 2006 et début 2007 cinq millions d’euros à Claude Guéant, alors directeur du cabinet de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur. À noter que l’intéressé a temporairement retiré son témoignage fin 2020. 

En parallèle, l’homme d’affaires franco-algérien Alexandre Djouhri aurait chapeauté l’autre grand réseau de corruption allégué, via l’argentier du régime libyen, Bechir Saleh, et son fonds souverain le Libyan African Portfolio (LAP). Le banquier Wahib Nacer ainsi que deux hommes d’affaires saoudiens, les cousins Ahmed Salem Bugshan et Ali Khalid Bugshan – tous les trois sur les bancs des prévenus – auraient collaboré dans ces manœuvres. Selon l’accusation, à l’issue de ces dernières, le réseau aurait acquis, après la présidentielle, une villa à Mougins à un prix surévalué afin de dissimuler un détournement de fonds publics libyens. 

L’ex-bras droit de Kadhafi

Comme précédemment évoqué, Bechir Saleh aurait joué un rôle clé dans ces manœuvres financières illégales supposées. Mais l’ancien directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi, qui a été exfiltré de Libye après la chute du régime, est actuellement activement recherché. Il est visé par un mandat d’arrêt international émis par la France.


M.G avec AFP

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