dimanche, juin 30

Interpellées après une « intrusion » mardi dans une entreprise pour dénoncer la vente d’armes à Israël, sept personnes, dont une journaliste du média Blast, ont vu leur garde à vue levée sans poursuites, a fait savoir mercredi 19 juin le parquet de Paris sollicité par l’Agence France-Presse (AFP). « La procédure a été classée sans suite au motif qu’aucune infraction suffisamment caractérisée ne leur est imputée », a-t-il précisé.

« L’exploitation des caméras a permis de confirmer l’intrusion dans le site par quatre individus, dont deux pénétrant dans les locaux » d’Exxelia dans le 11e arrondissement « et procédant aux dégradations », a-t-il développé. Mais « aucun ne correspondait aux mis en cause placés en garde à vue » et « les caméras extérieures filmant l’attroupement d’une vingtaine de personnes devant les lieux ne permettaient pas de distinguer concrètement les agissements ni de reconnaître les personnes interpellées », a ajouté le parquet.

Le média en ligne Blast avait annoncé mardi sur X l’interpellation d’une de ses journalistes qui « couvrait une manifestation menée au siège de l’entreprise » Exxelia dans le cadre d’une enquête sur les ventes d’armes à Israël. La garde à vue de la journaliste a été « parfaitement abusive : à aucun moment, on ne lui a opposé un seul élément permettant de considérer qu’elle faisait lors de la manifestation autre chose que son métier de journaliste », a réagi auprès de l’AFP son avocat, Me Laurent Pasquet-Marinacce.

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Une « intimidation inacceptable »

« La priver de liberté pendant trente-quatre heures, la faire dormir dans une cellule puant l’urine et tenter de la contraindre à donner accès aux notes et documents de travail contenus dans son téléphone constituaient donc non seulement une tentative de violation du secret des sources, mais aussi une opération de dissuasion de cette journaliste et, au-delà d’elle, de tous ceux qui s’intéressent aux crimes de guerre commis par Israël, de l’intimidation en d’autres termes », a-t-il ajouté.

Blast a de son côté dénoncé sur son site une « énième tentative de violation du secret professionnel » et « une intimidation inacceptable afin de connaître ses sources ». L’ONG Reporters sans frontières avait quant à elle aussi pointé « un risque d’atteinte au secret des sources » et exigé la libération de la journaliste.

Exxelia, fabricant de composants électroniques à usage civil et militaire, est citée dans une information judiciaire ouverte à Paris en 2018 sur des plaintes pour complicité de crimes de guerre après la mort de trois enfants tués par un missile israélien à Gaza le 17 juillet 2014. Dans les débris avait été retrouvé un capteur fabriqué, selon des expertises, par l’entreprise française Eurofarad – rachetée en 2015 par Exxelia Technologies – et vendu à la société israélienne Rafael.

Le Monde avec AFP

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