
Après l’accident de voiture qui a coûté à un jeune homme et deux adolescents par noyade, mercredi, le procureur de la République d’Alès (Gard), Abdelkrim Grini, a déclaré à l’Agence France-Presse, mardi 9 décembre, que « les deux à l’avant étaient positifs au protoxyde d’azote, avec un taux relativement important pour celui de 19 ans [considéré comme le conducteur par les experts] et un taux moindre pour celui de 14 ans », après avoir reçu les derniers résultats d’analyses confiées à un laboratoire spécialisé.
« Cela confirme nos premières impressions, puisque des bombonnes de protoxyde avaient été retrouvées dans l’habitacle », a ajouté le procureur d’Alès. L’homme de 19 ans était également positif au cannabis et à l’alcool (0,7 gramme par litre de sang). « Vers 2 heures du matin [mercredi 3 décembre], une voiture (…) a raté son virage et percuté le muret d’un pavillon où il y a une piscine. La voiture a défoncé le muret, s’est retournée et est tombée à l’intérieur de la piscine, sur le toit, les quatre roues en l’air », avait expliqué le procureur.
Abdelkrim Grini a ajouté que l’accident faisait suite à une course-poursuite « sur quelques centaines de mètres ». « Il y a une amorce de course-poursuite, mais très rapidement, ils s’engouffrent dans les quartiers et la [brigade anticriminalité] va les perdre de vue. Ça se passait sous une pluie battante, les policiers n’ont pas voulu prendre de risques inconsidérés, d’après M. Grini.
Le protoxyde d’azote, surnommé le « gaz hilarant », a notamment pour effet secondaire, dans son utilisation détournée, la perte de contrôle de ses consommateurs. La vente de ce gaz, utilisé en médecine ou en cuisine, est en théorie interdite aux mineurs et dans certains lieux depuis 2021, mais sauf arrêtés locaux elle reste légale. Son utilisation détournée a été récemment à l’origine de plusieurs drames routiers, comme début novembre à Lille, où un jeune homme de 19 ans a été mortellement percuté par un automobiliste fuyant la police et qui avait consommé ce gaz.
La troisième victime de 15 ans était en fugue
Dans l’agglomération parisienne, les interventions en lien avec ce produit sont en forte hausse depuis janvier, or il bénéficie d’« un quasi-vide juridique, le protoxyde d’azote n’étant pas classifié comme produit stupéfiant », selon une note de l’Office anti-stupéfiants consultée mardi par l’Agence France-Presse.
Les enquêteurs d’Alès se sont dans un premier temps interrogés sur la question de savoir lequel des deux jeunes retrouvés à l’avant était au volant au moment des faits. « Pour le conducteur [en se fondant sur la position du siège], l’expert évalue la taille à 1,74 mètre minimum. Or le garçon de 19 ans mesure exactement 1,74 mètre et celui de 14 ans 1,65 mètre », a expliqué M. Grini. Les trois adolescents avaient passé la soirée à faire des « rodéos » et ont été brièvement « pris en chasse » par la police, environ une heure avant leur sortie de route, avait déjà précisé la semaine dernière le procureur.
La victime de 15 ans était originaire de Nevers. En fugue, l’adolescent avait été placé en garde à vue trois jours avant l’accident mortel à Alès pour une affaire de stupéfiants et devait être ramené chez sa mère, mais il avait réussi à fausser compagnie au service de la protection de la jeunesse, avait aussi expliqué M. Grini. Aucune analyse sur sa consommation éventuelle de protoxyde d’azote n’a été effectuée puisqu’il était acquis qu’il ne conduisait pas la voiture.




