jeudi, janvier 2

La plupart des départements interdisent la vente de feux d’artifice pendant les fêtes de fin d’année.
Des mortiers arrivent pourtant par centaines sur notre territoire, via des commandes sur Internet.
Regardez ce reportage de TF1.

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LE WE 20H

Il y a les gens qui les admirent, rêveurs, en pointant le nez vers le ciel au début d’un soir de fête. Et il y a ceux qui les scrutent, la mine grave, en baissant les yeux, à 6h30 du matin, parmi les colis arrivés dans un entrepôt logistique. C’est le cas des douaniers de Mulhouse, dans le Haut-Rhin, l’un des très nombreux départements français ayant interdit, par arrêté préfectoral, la vente de feux d’artifices de la mi-décembre à début janvier. « C’est la période où on peut trouver des mortiers », glisse, au micro de TF1, dans l’enquête du JT de 20H visible en tête de cet article, un membre de la brigade locale de surveillance intérieure, alerté par la forme caractéristique d’un paquet, tout en longueur.

Malheureusement, depuis quelques années, certaines organisations détournent l’utilisation ludique des feux d’artifice pour un usage criminel.

Hervé Monin, adjoint au directeur régional des douanes de Mulhouse

Les autorités craignent particulièrement ces engins pyrotechniques, pouvant causer des brûlures, voire des démembrements dans les cas les plus graves. Un risque qui augmente fatalement lors de débordements, devenus habituels le soir du Nouvel An. « Malheureusement, depuis quelques années, certaines organisations détournent l’utilisation ludique des feux d’artifice pour un usage criminel. Nous saisissons donc ces marchandises interdites, parce que ce sont autant d’armes potentielles que les forces de l’ordre n’auront pas face à elles à la fin de l’année », pose Hervé Monin, adjoint au directeur régional des douanes de Mulhouse, dont la brigade inspecte actuellement 2.000 colis par jour.

La plupart proviennent d’Europe de l’Est, de République Tchèque, de Roumanie ou de Pologne. Des pays où la régulation est plus souple. Et qui alimentent ainsi des réseaux illégaux bien organisés en France. « Si l’acheteur est un particulier, au vu des quantités, des commandes, de la valeur de la marchandise, on sait que c’est pour revendre à un entourage proche ou à d’autres personnes », synthétise Yvan Lajeanne, contrôleur principal de la brigade mulhousienne, qui a intercepté une grosse centaine de ces engins pyrotechniques rien que la semaine dernière. Des mortiers d’artifice, fusées et autres pétards, aux charges explosives considérables, accessibles en un clic sur les réseaux sociaux, comme le montre encore la vidéo ci-dessus.

Un marché parallèle que dénoncent les professionnels. À Strasbourg (Bas-Rhin), tout près de la frontière avec l’Allemagne, où la vente de feux d’artifices reste autorisée en fin d’année, Caroline Kempf-Dubost, gérante du magasin Fiesta Republic, assure que l’interdiction jusqu’au 3 janvier a fait chuter son chiffre d’affaires de 10%. Mais incite surtout à s’en procurer illégalement. « On n’a plus aucun contrôle sur ce qui circule, pointe-t-elle. Il n’y a plus aucune formation pour les utilisateurs parce qu’ils achètent ça n’importe où, à des gens qui ne sont pas du tout qualifiés. Vous allez vous retrouver avec des mortiers entre les mains. C’est absolument irresponsable. » Les contrevenants s’exposent, outre les blessures physiques susmentionnées, à une amende pouvant aller jusqu’à dix fois la valeur de la marchandise et à dix ans de prison.


Hamza HIZZIR | Reportage TF1 Victor TOPENOT, Paul BOUFFARD

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