vendredi, mai 17
Jean Bassères, au côté d’Arancha Gonzalez, lors d’une conférence de presse à Sciences Po, à Paris, le 2 mai 2024.

Loin de mettre fin à la mobilisation propalestienne, le grand débat nommé « Town Hall » organisé, jeudi 2 mai, en présence de 350 personnes – étudiants, enseignants et salariés – à Sciences Po, à Paris, a débouché sur une crispation des positions. Devant l’établissement, Hicham, porte-parole du comité Palestine de Sciences Po Paris, a annoncé la poursuite du mouvement par un « sit-in pacifique » dans le hall et par le début d’une grève de la faim d’une étudiante, à 14 heures, « en solidarité avec les victimes palestiniennes ».

« D’autres étudiants vont la rejoindre au cours de la journée » et ils continueront jusqu’à « la tenue d’un vote officiel non anonyme au conseil de l’Institut pour l’investigation des partenariats avec les universités israéliennes », a prévenu l’étudiant en master des droits humains et projets humanitaires à l’école des affaires internationales.

Alors que le Town Hall touchait à sa fin, les étudiants sortaient au compte-goutte sur le trottoir de la rue Saint-Guillaume, d’où l’on saisissait clameurs et slogans tels qu’« Israël assassin, Sciences Po complice », entonné par une cinquantaine de membres du comité Palestine.

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Dans la rue, des étudiants ont salué des échanges « calmes » et « de bonne qualité », malgré un « dérapage » final : face à un étudiant juif qui affirmait être antisioniste, l’administrateur provisoire de Sciences Po aurait assuré que ces propos étaient susceptibles de « choquer » d’autres jeunes présents. Une déclaration qui a suscité des cris de désapprobation dans les rangs des étudiants. « La réaction de [Jean] Bassères était très maladroite », a jugé un étudiant en journalisme – qui n’a pas souhaité donner son nom.

Clivage profond

« Le débat a parfois été dur, souvent émouvant et des désaccords forts se sont exprimés », a déclaré devant la presse à l’issue du débat Jean Bassères. Affichant la « plus grande prudence », il a appelé « chacun au sens des responsabilités » alors que commence, lundi 6 mai, la session d’examens de fin d’année pour quelque 15 000 étudiants. « J’ai refusé la demande d’un groupe de travail pour investiguer nos relations avec les universités et les entreprises israéliennes en rappelant aux étudiants qu’il existe déjà une gouvernance à Sciences Po qui gère ces sujets-là. Je sais que ça va faire réagir », a-t-il ajouté.

Les étudiants mobilisés réclament ce groupe de travail ainsi que « la publication d’un rapport sur les partenariats universitaires et économiques vis-à-vis des violations du droit international et des droits de l’homme en Palestine ». « On travaille avec des universités partout dans le monde : en Chine, en Inde, au Mexique, au Burkina Faso, au Canada… Les partenariats entre universités sont les derniers ponts qu’il faut couper, a justifié devant la presse Arancha Gonzalez, doyenne de l’école des affaires internationales et ancienne ministre des affaires étrangères espagnole. Nous avons 480 universités partenaires, c’est la richesse d’une institution. »

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