lundi, juillet 1

La justice avait pourtant donné son accord. Les organisateurs d’une soirée xénophobe intitulée « Ausländer Raus » (« les étrangers dehors », en allemand), qui devait se tenir vendredi 28 juin dans la soirée, dans un bar identitaire de Rouen, ont finalement annoncé son annulation. La justice avait été saisie en référé.

« Pour tenir compte d’une certaine émotion résultant du caractère provocateur de l’intitulé de la soirée, intitulé susceptible de prêter aux membres de l’association des sentiments ou des intentions qui ne sont pas les leurs, quand cette soirée n’avait d’autre but que d’engager un débat sur l’immigration en France, l’association a décidé de sa propre initiative d’annuler la soirée », écrivent-ils sur les réseaux sociaux.

Jeudi, le maire (Parti socialiste) de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, avait pris un arrêté municipal interdisant cette soirée organisée par le bar identitaire Le Mora. Dans la foulée, l’association organisant la soirée avait déposé un référé-liberté auprès du tribunal administratif de Rouen pour demander la suspension de l’arrêté municipal. Le tribunal leur a donné gain de cause vendredi, en fin d’après-midi, selon la décision consultée par l’Agence France-Presse.

Un slogan devenu viral

Le tribunal de Rouen a considéré qu’une interdiction porterait « atteinte à la liberté fondamentale d’association et de réunion », peut-on lire dans un communiqué. Selon le juge, il n’a pas été établi à ce stade que « le slogan “Ausländer Raus” ayant donné son titre à la soirée organisée le 28 juin 2024 par l’association Union normande de France provienne, même de façon probable, de la propagande ou de chants diffusés pendant le régime national-socialiste [nazi]. »

« Ausländer Raus » est un slogan xénophobe devenu viral après avoir été détourné par des jeunes qui le chantent sur l’air techno de L’Amour toujours, du DJ Gigi D’Agostino, parfois agrémenté de saluts nazis, comme on peut le voir sur certaines vidéos.

Mais selon le tribunal administratif, « les autorités allemandes n’ont pas donné de suite pénale à l’utilisation de ces mots chantés par des bacheliers » en mai 2024. « Le signalement fait au procureur de la République par le maire de Rouen le 21 juin 2024 est, huit jours plus tard, à la date de ce jour, laissé sans réponse », relève encore le tribunal.

Appel du maire

M. Mayer-Rossignol a immédiatement annoncé son intention de faire appel de cette décision auprès du Conseil d’Etat. « Je maintiens qu’un appel à la xénophobie tel que “les étrangers dehors” (…) n’a sa place ni à Rouen ni nulle part dans notre République », souligne le maire de Rouen.

Le préfet de Seine-Maritime avait interdit toute manifestation dans un périmètre autour du bar situé dans une rue piétonne du centre-ville, de vendredi 17 heures au samedi 4 heures. « Des risques de troubles à l’ordre public et d’affrontements opposant des manifestants antagonistes sur la voie publique sont identifiés », avait estimé le préfet, dont l’arrêté n’est pas concerné par la décision du tribunal administratif.

Une manifestation appelant à s’opposer à « la soirée raciste et anti-étrangers organisée par le bar Le Mora » était prévue en fin de journée, en dehors du périmètre concerné par l’interdiction préfectorale.

Lire aussi | « Je partira pas » : d’où vient cette chanson raciste reprise par l’extrême droite ?

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu
Partager
Exit mobile version