dimanche, avril 13

Est-il trop tôt pour se positionner en vue de l’élection présidentielle de 2027? Non, ont répondu en coeur les trois blocs politiques qui composent le paysage français, ce dimanche 6 avril 2025. Alors que le scrutin suprême n’aura pas lieu -sauf surprise- avant 24 mois, trois meetings ont été organisés à Paris.

Le point chaud de la journée: la manifestation en soutien à Marine Le Pen, organisée place Vauban, sous l’ombre de l’Hôtel des Invalides. De nombreux partisans de la candidate d’extrême droite sont venus afficher leur soutien indéfectible après la condamnation de la cheffe de file des députés du Rassemblement national, dont la participation à l’élection de 2027 est compromise par sa condamnation pour détournements de fonds publics.

Face à une foule électrisée scandant tantôt « Marine présidente! » et tantôt « Macron démission », les cadres du Rassemblement national ont partagé leur indignation, assurant que l’inéligibilité avec effet immédiat de leur matriarche résultait d’une « décision politique », et non de justice.

« Cette décision a foulé au pied mon peuple, mon pays et mon honneur! », a grondé Marine Le Pen, qui avait plus tôt rapproché sa situation à celle du pasteur Martin Luther King.

Alors qu’une décision de la Cour d’appel est la seule issue lui permettant de rester dans la course, la candidate naturelle de l’extrême droite a assuré ne « rien lâcher », aux côtés Jordan Bardella. Reste que les magistrats, la justice et ses ennemis ont occupé la majorité de ses propos pendant plus d’une demi-heure:

« Je n’hésite pas à souligner la dimension politique dans le procès qui nous est fait (…) Il ne s’agit pas d’une décision de justice. Il s’agit d’une décision politique! »

La gauche, sa « riposte » et l’absence visible d’un allié

Quelques heures avant l’arrivée en scène de Marine Le Pen, à une poignée de kilomètres de là, ses opposants étaient déjà présents en nombre. Ils étaient 15.000 selon les organisateurs, deux composantes de la gauche: La France insoumise et Les Écologistes.

Sur la célèbre place de la République, Manuel Bompard, le coordinateur du parti insoumis, a sonné le début de la « riposte » face à une « extrême droite qui s’attaque à la démocratie et à l’État de droit ».

Deux idées étaient ainsi au coeur de la réunion. D’une part la défense du caractère sacré de l’état de droit, de l’autre l’opposition à l’extrême droite, ses idées et ses représentants.

« On défend ici l’État de droit et on rappelle que les coupables ne sont pas les juges, et les victimes ne sont pas le RN », a clarifié le député Éric Coquerel au micro de BFMTV.

Dans ce duo de gauche, Les Écologistes ont aussi affiché leurs valeurs. Marine Tondelier, adversaire reconnue du Rassemblement national, a pesté contre « l’hypocrisie » du parti oscillant entre dénonciation du « laxisme » et dureté, lorsqu’ils sont concernés.

« Marine Le Pen prône une justice pour tous les autres (qui soit) beaucoup moins laxiste, beaucoup plus dure, il faut une tolérance zéro, une incarcération à la première infraction, il ne faut pas d’aménagement des peines. Et pour les leurs, la justice est beaucoup trop dure. C’est ce qu’on appelle de l’hypocrisie, un système judiciaire à double vitesse », s’est indignée l’écologiste.

La gauche unie dans cette manifestation? Une composante du bloc était manifestement absente, les socialistes. « Ce n’est pas la première fois (qu’ils) manquent à l’appel dans un rassemblement contre l’extrême droite », a ainsi mis en exergue l’eurodéputée insoumise Manon Aubry.

Bien qu’absent de cette organisation, le Parti socialiste n’entend pas rester silencieux sur cette question. Le parti d’Olivier Faure a annoncé préférer à ce rassemblement une manifestation organisée le samedi 12 avril pour « défendre l’État de droit », lancée à l’appel des associations SOS Racisme et la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et de la CGT.

« Tu voles, tu payes »: Gabriel Attal installe le duel avec Marine Le Pen et regarde droit vers 2027

Tous contre l’extrême droite? Non. Si la gauche a lancé un appel large, le camp présidentiel a préféré son propre rendez-vous, non-loin, à la Cité du cinéma de Saint-Denis. La grande messe de Renaissance avait pour point central un discours de son secrétaire général, l’ancien Premier ministre Gabriel Attal.

Pendant près d’une heure, l’un des favoris pour prendre le flambeau du mouvement initié par Emmanuel Macron, a tenu le micro et développé sa pensée. Et ce pendant que le président de la République était absent, uniquement présent dans l’esprit par un tweet.

Un message d’hommage au coup d’envoi du mouvement donné il y a neuf ans à Amiens parmi quelques fidèles. Ce dimanche, ils étaient environ 3.000 à écouter le potentiel dauphin, comme l’a constaté un reporter de BFMTV.

Tarifs douaniers de Donald Trump, défis posés par la progression de l’extrême droite dans le monde, nécessité de remettre la valeur travail au coeur de la société… Gabriel Attal a égrainé plusieurs idées. La principale, la défense de l’État de droit, en réponse directe à Marine Le Pen et ses invectives contre l’institution.

« Il ne nous appartient pas de dire si le jugement rendu est bon ou mauvais (…) Marine Le Pen et le RN ont été reconnus coupables après dix années d’enquête et de procédure, après avoir détourné des millions d’euros de nos impôts », a lancé avec fermeté le député des Hauts-de-Seine.

Pour marquer les esprits, l’ancien chef du gouvernement a repris son slogan le plus populaire, pour l’adapter au cas de sa rivale:

« Tu voles, tu payes, surtout quand on est un responsable politique ».

Marine Le Pen sera-t-elle l’adversaire de Gabriel Attal au second tour de l’élection présidentielle? Un sondage Elabe pour BFMTV et La Tribune Dimanche paru ce dimanche 6 avril laisse supposer un duel entre le Rassemblement national et les membres du camp présidentiel.

Mais à deux ans du scrutin, le trentenaire ne fait pas office de favori pour représenter l’avenir du macronisme. C’est un autre ex-Premier ministre qui obtient pour l’heure les faveurs des électeurs dans cette photographie de l’opinion. Le maire du Havre est crédité de 20,5 à 24% d’intentions de vote selon les scénarios des autres candidatures en lice, devant Gabriel Attal et ses 18%. Mais à deux ans du premier tour, après de nombreuses autres journées hautement politiques, qu’en sera-t-il vraiment?

Article original publié sur BFMTV.com

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