mercredi, septembre 25

Quand Marie-Adeline Daumas a enfin obtenu les clés d’un logement social, derrière la gare, en plein centre-ville de Nice, elle a eu du mal à y croire. « Je me suis dit : enfin, fini les galères », explique cette mère célibataire de deux enfants. C’était un logement avec de la lumière, et puis deux chambres, une pour chaque enfant. Elle devait dormir dans le salon, mais ce n’était « pas très cher payé » pour un logement neuf dans un bâtiment tout juste livré. « J’étais ravie », dit-elle. Mais, dès le premier été, en 2023, le petit T3 surchauffe. Dans la chambre de son fils, Marie-Adeline Daumas enregistre plus de 29 degrés. Chaque matin, les enfants laissent des taches de sueur sur leurs matelas et partent cernés au centre aéré. L’été 2024, « c’était encore pire ».

Entre le mois de juillet et début septembre, Nice a suffoqué plus de soixante jours. La journée, les 32 °C au thermomètre pouvaient correspondre à un ressenti de 40 °C à cause de l’humidité. Les fonds de vallées, habituellement plus frais, ont également atteint des températures anormalement élevées : jusqu’à 36 °C. L’eau des plages a frôlé 30 °C. La nuit, les matériaux urbains relâchaient la chaleur accumulée, entre les murs et la mer surchauffée, impossible pour la ville de se rafraîchir. Résultat : une série de soixante et une nuits dites « tropicales » d’affilée.

L’immeuble de Marie-Adeline Daumas comprend des logements privés et sociaux. Dans la petite ruelle, deux entrées : la A dessert les lots privés, la B les logements sociaux. Dans le bâtiment A, des climatiseurs sont installés. Dans le B, avec le patio qui fait puits de chaleur et les fenêtres de toit en plein soleil, impossible de respirer.

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A bout, Marie-Adeline Daumas a dû fuir chez sa mère qui habite un vieil immeuble « aux murs épais » dans le centre-ville. Là-bas, au moins, elle peut ouvrir les volets et créer un courant d’air. Elle a essayé d’appeler le bailleur, Unicil, rien n’y fait. Contacté, ce dernier n’a pas souhaité répondre aux questions du Monde. « On vit dans des conditions où on n’est pas respectés en tant qu’humains, estime Marie-Adeline Daumas, des sanglots dans la voix. J’aimerais que les bailleurs viennent passer une semaine chez moi l’été. Que je prenne leur baraque et qu’ils s’installent chez moi. Je leur laisse les clés. Peut-être qu’après on pourra discuter. »

Décompensations avec la chaleur

L’ensemble du pourtour méditerranéen subit la dynamique du réchauffement plus vite que le reste du continent européen, comme le rappelait la Commission européenne en février. Et les villes sont encore plus vulnérables au phénomène à cause de l’artificialisation des sols.

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