samedi, mai 18

JUSTICE – Le drame avait entraîné des émeutes d’une intensité exceptionnelle. Près d’un an après la mort de Nahel, tué par un tir de policier à Nanterre le 27 juin 2023, une reconstitution du drame était organisée ce dimanche 5 mai non loin du rond-point où l’adolescent de 17 ans est décédé.

Des gendarmes et policiers ont ainsi été déployés en nombre autour de la place Nelson-Mandela, près de l’endroit où la voiture conduite par le jeune homme avait fini sa course, dans la banlieue populaire à l’ouest de Paris.

Une douzaine de camions de forces de l’ordre et des barrières ont été prépositionnés pour empêcher l’accès à la zone, des policiers étaient visibles sur les toits du quartier et un drone survole la scène.

Derrière le déploiement important pour tenir à distance journalistes et badauds et sécuriser les lieux, le tronçon de route où le policier a tiré sur Nahel était caché des regards par des barricades métalliques.

Sur la place, ont été acheminés des véhicules utilisés pour reconstituer les faits, notamment une voiture jaune ressemblant à la Mercedes que Nahel conduisait le jour de sa mort avec deux passagers de 14 et 17 ans à son bord.

La mère de Nahel présente

En milieu de matinée, la reconstitution s’était déroulée dans le calme. Quelques passants ayant à revoir leurs itinéraires matinaux s’en sont plaints aux médiateurs de la ville déployés en nombre et reconnaissables à leurs cirés rouges. « Ils rouspètent », a commenté en souriant l’un d’entre eux, qui a souhaité garder l’anonymat.

En présence de leurs avocats, le policier auteur du tir, le collègue qui l’accompagnait et plusieurs témoins devaient être interrogés sur place par les juges d’instruction, soucieux d’établir si le brigadier Florian M., mis en examen pour homicide volontaire, était en danger de mort au moment où le coup de feu est parti.

« Pour la première fois, toutes les parties seront confrontées à leur déposition sur la scène du crime, c’est un moment fort », avait souligné cette semaine auprès de l’AFP Me Nabil Boudi, le conseil de la mère de Nahel. Présente à la reconstitution, cette dernière n’a pas voulu s’exprimer devant les médias.

Non loin du carrefour plutôt passant de Nanterre, certains bâtiments portent encore les marques des nuits d’émeutes qui avaient suivi la mort de l’adolescent de 17 ans.

La diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo montrant un policier tirant sur Nahel à bout portant lors d’un contrôle routier avait engendré plusieurs nuits d’émeutes violentes.

Un milliard d’euros de dégâts

À travers la France, les incendies de bâtiments publics et d’infrastructures ou les pillages de magasins ont causé des dégâts représentant un milliard d’euros, selon le Sénat. À Nanterre, certains bâtiments en portent encore les traces.

L’enquête sur la mort de Nahel, devenue un symbole du débat sur les violences policières, doit notamment établir si l’usage de l’arme à feu était légitime. Une première version policière, selon laquelle l’adolescent aurait foncé sur le motard, a rapidement été infirmée par la vidéo des faits, diffusée sur les réseaux sociaux.

Pendant cinq mois, le policier auteur du tir, Florian M., âgé de 38 ans au moment des faits, avait été placé en détention provisoire. Mais en novembre, il a été libéré et placé sous contrôle judiciaire après plusieurs demandes de son conseil.

Les juges qui ont décidé de sa remise en liberté avaient reconnu qu’il existait encore « des divergences entre les différentes versions données », mais que « le risque de concertation » apparaissait désormais, « dans cette configuration, moins prégnant » et « ne saurait justifier la poursuite de la détention provisoire à ce titre ».

« L’information judiciaire a progressé », les parties civiles et les deux policiers ayant été auditionnés, ont indiqué les magistrats. Ils soulignent également que « si le trouble à l’ordre public demeure », « il est moindre qu’à la date du placement en détention provisoire ».

Après la libération de Florian M., Mounia, la mère de Nahel qui l’élevait seule, avait appelé à un rassemblement auquel quelques centaines de personnes s’étaient rendues dans le calme.

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