jeudi, décembre 11

Un ancien opérateur du SAMU et bénévole de la Croix-Rouge, qualifié de « prédateur » par l’accusation, a été condamné, jeudi 11 décembre, à Lyon, à dix-huit ans de prison pour de multiples viols et agressions sexuelles, la plupart commis sur des mineurs.

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Après deux heures de délibération et près de deux semaines de procès, le président de la cour criminelle du Rhône, Eric Chalbos, a égrené la liste des victimes de Laurent Moussière, 60 ans, et a prononcé une peine assortie d’une période de sûreté des deux tiers et d’obligations de soins. Le verdict est légèrement inférieur aux réquisitions : l’avocat général, Vincent Auger, avait demandé vingt ans de prison contre ce « prédateur sexuel », « qu’il faut empêcher de nuire le plus longtemps possible ».

Lors du procès, le magistrat avait reproché à l’accusé de ne manifester aucune émotion. Avant que la cour ne se retire pour délibérer, Laurent Moussière s’est pourtant levé, a retiré ses lunettes et s’est tourné vers la salle. Lui qui avait jusque-là gardé le regard rivé sur les juges, s’est adressé aux victimes pour dire sa « honte ». « Je vous demande pardon pour les dégâts que j’ai causés, pour les gestes, les actes qui vous ont agressés, a-t-il dit. J’espère que vous pourrez après ça guérir vos blessures. »

Une quarantaine de victimes

Laurent Moussière était accusé d’avoir profité de son statut pour se rapprocher de jeunes garçons et d’avoir fait une quarantaine de victimes à Lyon et dans sa région entre le début des années 1990 et son arrestation à Périgueux, en 2021.

Témoins et experts ont mis en lumière un mode opératoire constant au détriment de victimes au profil similaire : de jeunes adolescents, entre 13 et 16 ans en moyenne, « isolés » et « vulnérables », souvent en carence familiale, que l’accusé faisait venir chez lui en organisant des fêtes et en leur proposant de l’alcool et du cannabis.

Il parvenait à tisser des liens de confiance avec les jeunes en jouant de sa situation : bénévole à la Croix-Rouge, opérateur du SAMU, il a même brièvement travaillé à la police judiciaire. « Ami de la famille », « grand frère », l’homme avait réussi à susciter la confiance de ses victimes, et parfois aussi de leurs proches. « Emprise » : le mot est répété tout au long du procès.

Une emprise qui n’était « pas intentionnelle », selon son avocat Me Baptiste Bouillon. Laurent Moussière a eu un comportement criminel, en manifestant « une indifférence au consentement », « mais ce n’est pas la même mécanique qui impose force et violence », a-t-il plaidé.

Des failles dans la détection et la prévention

Son confrère de la défense, MClément Stievet, a, de son côté, dénoncé des « défaillances » de la Croix-Rouge, de l’institution judiciaire, alertée à la fin des années 1990 sur le comportement de M. Moussière, et de l’entourage de l’accusé et des victimes. Lui « demander de mettre fin de lui-même à ses pulsions, c’est illusoire », a avancé l’avocat.

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Ce n’est qu’en 2019 qu’une de ses victimes l’a dénoncé, lors d’une audition par des gendarmes sur une tout autre affaire – il avait été témoin d’une bagarre. L’instruction a ensuite permis de recenser 38 victimes. A cause du temps écoulé, seules 21 ont été retenues par la justice, dont quinze avaient moins de 15 ans au moment des faits. Jeudi, dans l’un des cas, Laurent Moussière a été déclaré non coupable.

« Il est le champion de la prescription », a déploré Me Jean Sannier, conseil de plusieurs parties civiles et de l’association Innocence en danger, en lui reprochant aussi son manque d’empathie jusqu’à la dernière minute : « Rien ne l’émeut, rien ne l’atteint, rien ne l’humanise. » Chez lui, « la prédation est innée, instinctive », a également plaidé Me Mélissa Masseron, conseil d’une partie civile.

A la barre, les victimes ont défilé pour raconter leurs vies « bousillées », selon l’expression de l’une d’entre elles, faisant part pour certaines de leurs addictions et de leur incapacité à s’attacher.

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Le Monde avec AFP

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