samedi, mai 18
Le journaliste iranien Pouria Zeraati, hospitalisé après avoir été poignardé à Londres le 29 mars, sur une photo publiée sur son compte Instagram, le 30 mars 2024.

Les tensions au Moyen-Orient ont des répercussions jusque dans les salles de rédaction de Londres, augmentant les risques professionnels pour certains journalistes, notamment d’origine iranienne. La capitale britannique héberge parmi les principaux médias en persan hors d’Iran, alors que le régime des mollahs a développé une stratégie de menaces et d’attaques extraterritoriales. Le 29 mars, Pouria Zeraati, présentateur de l’émission hebdomadaire « The Last Word » sur une des chaînes du groupe audiovisuel Iran International, en a fait les frais.

Cet homme de 36 ans a été pris à partie par deux individus et poignardé en plein après-midi, en sortant de chez lui à Wimbledon, une banlieue calme et cossue du sud de Londres. « J’ai cru que j’allais mourir dans la rue », a témoigné le journaliste au Daily Telegraph. Blessé sérieusement à la jambe, il était de nouveau à l’antenne une semaine plus tard.

« Physiquement, il va bien, et sa résolution est intacte, mais moralement, c’est autre chose. Sa vie a été bouleversée, il ne peut plus retourner au domicile où il vivait avant », explique Adam Baillie, porte-parole de la chaîne Iran International. Contrôlée par une entreprise enregistrée au Royaume-Uni (Volant Media), celle-ci emploie 350 personnes à Londres et revendique son indépendance – « nous ne représentons aucun parti ou gouvernement », assure M. Baillie.

« Ses agresseurs auraient pu le tuer, ils ont préféré l’intimider. Ses collègues sont très choqués, même si l’attaque n’a découragé personne de continuer à travailler », poursuit le porte-parole. La « Met », police du Grand Londres, a ouvert une enquête, dirigée par des spécialistes de l’antiterrorisme. Trois suspects ont été identifiés, mais ont quitté le Royaume-Uni après l’attaque, selon Scotland Yard. Cité par Sky News, Mehdi Hosseini Matin, le chargé d’affaires iranien au Royaume-Uni, a nié « tout lien » de l’Etat iranien avec les agresseurs.

Menaces de mort

Les menaces contre les journalistes d’Iran International se sont intensifiées en 2022, avec le début des manifestations en Iran provoquées par la mort de l’étudiante Mahsa Amini après son arrestation par la police des mœurs. En novembre 2022, la chaîne, qui serait regardée par près de la moitié de la population iranienne, par satellite, selon la société d’études Gamaan, a été déclarée « organisation terroriste » par le régime iranien « avec des conséquences graves pour nos personnels : ils ne peuvent par exemple plus retourner en Iran, et leurs familles y sont soumises à de nombreuses intimidations », précise Adam Baillie.

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