C’est un peu le match retour des débats sur la loi « confortant les principes de la République », en 2021, que les députés Les Républicains (LR) et ceux de la majorité ont joué, mercredi 9 février, à l’Assemblée nationale. L’objet de l’âpre discussion entre les tenants d’une laïcité qui se dit « ouverte » et ceux d’une laïcité plus stricte : un amendement à la proposition de loi sur le sport visant l’interdiction du port des signes religieux dans les compétitions sportives.
En cette fin de législature, c’est un sujet que beaucoup ne pensaient pas voir revenir au Parlement. Après la promulgation de la loi sur les principes de la République (dite « séparatisme ») en août 2021, la majorité s’était promis de ne plus rouvrir le sujet de la neutralité religieuse, très clivant, jusque dans ses rangs. C’était sans compter le parti LR, majoritaire au Sénat et premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale. Après une première lecture sans accroc du texte du groupe La République en marche (LRM) sur la « démocratisation du sport » en mars 2021 au Palais-Bourbon, la droite sénatoriale a voté le 19 janvier, contre l’avis du gouvernement, un amendement sur les signes religieux, avec, en ligne de mire, le voile.
Ce point a entraîné les crispations de la majorité et a abouti à un désaccord entre sénateurs et députés en commission mixte paritaire (CMP), le 31 janvier. Le débat a mis notamment en lumière « Les Hijabeuses », un collectif de footballeuses qui militent pour le droit à porter le voile dans les compétitions sportives. Le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, dénonce la « compromission » d’Emmanuel Macron et de sa majorité avec « l’islamisme radical ».
« “Les Hijabeuses” nous testent »
Un discours repris par la vingtaine de députés LR présents, mercredi, pour la nouvelle lecture de la proposition de loi. Devant un Hémicycle clairsemé, le député LR des Alpes-Maritimes Eric Ciotti a fustigé le bilan du chef de l’Etat dans le domaine de la lutte contre l’islamisme, en défendant une motion de rejet préalable au texte, finalement repoussée. « L’islamisme se répand dans les salles de prières, dans les mosquées, dans les foyers et aujourd’hui dans les clubs et dans les fédérations sportives », a-t-il assuré.
Dans son intervention d’une dizaine de minutes, M. Ciotti, qui n’avait pas pris part aux précédentes discussions sur la proposition de loi, a dénoncé tour à tour « les ambiguïtés », « la lâcheté », la « convergence totale de vue entre la majorité et La France insoumise », et « la soumission aux islamistes » des élus macronistes, suscitant en retour des huées. « Zemmour, sors de ce corps ! », s’est exclamé le député LRM de Saône-et-Loire Rémy Rebeyrotte, avant d’être rappelé à l’ordre par la présidente de la séance, Annie Genevard (LR, Doubs). « Une honte », a rétorqué le président du groupe LRM à l’Assemblée, Christophe Castaner. La secrétaire d’Etat à l’éducation prioritaire, Nathalie Elimas, avait tenté de dissuader l’opposition LR quelques minutes plus tôt : « Les tentatives d’instrumentaliser cette loi, de relancer les débats sur la neutralité dans le sport, et dans la sphère publique, sont délétères. »
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