« C’est le spectacle de ma vie », glisse paisiblement Constance, après une heure d’entretien. La formule peut paraître bateau. Pourtant, elle n’est ni excessive ni galvaudée tant le nouveau seule-en-scène de cette humoriste est une mise à nu inoubliable pour le spectateur et l’exercice le plus périlleux auquel la comédienne s’est astreinte. Sur l’affiche d’Inconstance, le titre de son spectacle, on la voit vêtue d’une robe de tulle rose fuchsia, cheveux au vent, sourire éclatant, et courant… dans un couloir d’hôpital.
Constance est sortie du tunnel de la dépression, a repris goût à la vie et à la scène, qu’elle retrouve après presque trois ans d’absence. C’est cette période noire, cet enfermement psychique qu’elle a choisi de raconter. Exercice ô combien difficile, qu’elle relève haut la main dans un récit plus mordant que larmoyant, non pas égocentrique mais humaniste, et d’une drôlerie terriblement émouvante. L’humour, dit-on, est la politesse du désespoir. Cette phrase prend tout son sens avec Inconstance, témoignage d’un combat et d’une renaissance.
Depuis 2008, Constance, visage angélique, chevelure blonde et voix à la fois enfantine et coquine, enchaînait les one-woman-shows (Je suis une princesse, bordel !, Les mères de famille se cachent pour mourir, Partouze sentimentale, Gerbes d’amour, Pot pourri), à Paris et en tournée, mêlant l’humour noir, l’irrévérence et l’insolence, jouant la métamorphose, costume compris, pour dépeindre les névroses de ses contemporaines.
Mais, début 2022, alors que l’humoriste entame une tournée de quatre-vingts dates, elle s’écroule sur scène. « Je me suis comme effondrée. Le petit cheval n’a pas tenu. J’ai cru que j’étais foutue, j’avais perdu toute estime de moi. C’est horriblement banal », résume-t-elle attablée au bar de l’Hôtel Amour, à Paris. Dans un premier temps, le public croit que cet épisode fait partie du spectacle avant de comprendre qu’elle ne se relèvera pas. Rideau.
« Je ne voulais pas admettre que j’étais faillible »
Il y avait eu des signaux avant-coureurs : un premier burn-out mal soigné, un mauvais choix de producteur et une tentative d’autoproduction épuisante, une chronique, « Parlons balcon, parlons nichons », sur France Inter, où elle a officié pendant cinq ans dans les émissions de Charline Vanhoenacker, qui lui avait valu trois millions de vues sur YouTube, mais un torrent d’insultes sur les réseaux sociaux. Son « tort » : regrettant qu’une femme qui allaite dans un espace public puisse encore faire scandale, elle avait eu l’audace, pour illustrer son propos, de terminer son billet d’humour seins nus.
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