vendredi, mai 17
L’installation « Les pieds, avec le cœur, portent la fatigue et le poids de la vie » de l’artiste italien Maurizio Catalan, exposée sur la façade de l’église à côté de la prison pour femmes de l’île de la Giudecca lors de la 60e Biennale des arts à Venise, Italie, mercredi 17 avril 2024.

A la demande du cardinal José Toledo de Mendonça, dicastère – une sorte de ministre de la culture et de l’éducation – du Vatican, mais aussi poète reconnu dans son pays de naissance, le Portugal, Bruno Racine (qui dirige les collections Pinault à Venise) et Chiara Parisi (directrice du Centre Pompidou-Metz) ont organisé l’exposition du pavillon du Vatican à Venise. C’est sa troisième participation à la biennale d’art (après 2013 et 2015), et le pape François, qui devrait visiter le pavillon le 28 avril, a demandé que le Saint-Siège soit désormais présent à chaque édition.

L’originalité de ce pavillon tient à son emplacement. Cherchant un lieu qui soit en lui-même un message, Bruno Racine a choisi la prison pour femmes située sur l’île de la Giudecca. Ancien couvent dédié à sainte Marie-Madeleine (il abritait jadis des prostituées repentantes), il renferme aujourd’hui quatre-vingts détenues condamnées à de longues peines. Parmi elles, dix volontaires ont été formées pour devenir les guides d’une exposition qui se visite par groupes de vingt-cinq personnes, durant quarante minutes, sur réservation préalable (il y a cinq créneaux par jour). Pour des raisons de sécurité, et sans doute pour éviter toute forme de voyeurisme, les photographies sont interdites, les téléphones portables restent au vestiaire.

Photos de famille de détenues

Dix artistes ont été sélectionnés : Maurizio Cattelan, Bintou Dembélé, Simone Fattal, le duo Claire Fontaine, Sonia Gomes, Corita Kent, Marco Perego et Zoe Saldana, et Claire Tabouret. L’œuvre de Cattelan, la seule visible de l’extérieur car peinte sur la façade de la chapelle du couvent, qui donne sur la rue, représente la plante de deux pieds nus. Une allusion tant au Christ mort de Mantegna (1431-1506), même si ces pieds-là n’ont pas de stigmates, qu’à Marie-Madeleine lavant les pieds du Christ avant de les sécher de sa chevelure, mais aussi au lavement des pieds pratiqué par Jésus en signe d’humilité. Cattelan a aussi conçu un numéro spécial de L’Osservatore di Strada, le journal du Vatican, à paraître en juin.

Simone Fattal a repris sur une série de plaques de lave émaillées des poèmes des prisonnières. Le duo Claire Fontaine installe quelques néons, dont l’un représente un œil, allusion au titre de l’exposition, « Avec mes yeux ». Claire Tabouret, dont on peut juger la peinture parfois grandiloquente ou facile, a réussi là un coup de maître : elle a demandé aux détenues des photos de famille, d’elles, de leurs enfants ou de leurs proches, qu’elle a peintes sur d’assez petits formats et qui sont d’une puissance rare.

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