« La France est un pays de vieux, qui se prend pour un pays de jeunes. » La formule de Maxime Sbaihi, le directeur stratégique du Club Landoy, un centre de réflexion sur la démographie, résume l’impensé français sur l’un des plus grands enjeux du pays pour les décennies à venir. Face à un choc démographique prévisible, nos dirigeants ont pratiqué la politique de l’autruche.
Comme souvent, la France a préféré s’idéaliser au lieu de se regarder dans le miroir : nous avions les salariés les plus productifs, le meilleur modèle social, le remboursement de la dette n’était pas un sujet et nous faisions plus d’enfants que les autres. De quoi envisager l’avenir avec confiance et mettre les sujets qui fâchent sous le tapis.
Le pays n’a pas voulu voir qu’il n’était pas immunisé contre l’hiver démographique, mais que, simplement, le phénomène serait décalé dans le temps. De ce point de vue, l’année 2025 constitue un point de bascule. Pour la première fois depuis 1944, le nombre des décès devraient surpasser celui des naissances – ces dernières risquent de n’avoir jamais été aussi faibles depuis quatre-vingts ans –, alors que, dans l’intervalle, la population a augmenté de trente millions d’habitants. Enfin, il y a désormais davantage de personnes de plus de 60 ans que de moins de 20 ans. Plutôt que de fantasmer sur le « grand remplacement », certains feraient mieux de s’inquiéter du grand vieillissement.
Le réveil est d’autant plus difficile qu’il est tardif. La France a réalisé l’exploit de débattre de la réforme des retraites depuis six ans, sans pouvoir s’accorder sur l’évidence démographique qui s’impose au pays. Pendant que tous nos voisins s’adaptaient, nous nous sommes écharpés sur des textes mal nés, mal pensés, mal votés qui ont eu pour seul résultat de plomber le débat sur le sujet pour la prochaine présidentielle. « Quel politique portera avant 2027, la seule idée de réaugmenter l’âge légal s’il veut gagner l’élection ? » La réponse est dans la question posée par la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, dans Les Echos : probablement personne.
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