jeudi, janvier 16

Le gouvernement cubain a commencé à libérer des prisonniers mercredi 15 janvier, comme il l’avait annoncé la veille, après le retrait par les Etats-Unis de l’île de la liste des pays soutenant le terrorisme, ont fait savoir à l’Agence France-Presse (AFP) des proches de personnes libérées.

« Nous avons reçu hier soir un appel » des autorités « pour nous rendre aujourd’hui à la prison », a déclaré Rosabel Loreto, qui a affirmé qu’à 7 h 30, sa belle-mère Donaida Pérez Paseiro, 53 ans, « a été libérée » dans la province de Villa Clara. Cette dernière, déclarée « prisonnière d’opinion » par Amnesty International pour sa participation aux manifestations antigouvernementales de juillet 2021, a pris peu après la parole dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. « Afin que Cuba soit retirée de la liste des pays terroristes, nous avons été leur monnaie d’échange, a-t-elle dénoncé. J’espère avoir bientôt mon mari et mes frères de lutte dans la rue. Nous sommes ici, nous continuerons à nous battre pour la liberté de Cuba. »

La mère et épouse de deux autres manifestants emprisonnés a déclaré à l’AFP avoir reçu un « appel de la sécurité de l’Etat » et que sa fille, condamnée à dix ans de prison pour avoir manifesté en juillet 2021, avait été libérée mercredi matin à La Havane.

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Condamnés pour participation aux manifestations juillet 2021

Cuba a annoncé, mardi, que 553 prisonniers allaient être libérés, sans préciser de date ni fournir de liste des prisonniers concernés par cette annonce. Aucune information officielle n’a été communiquée, mercredi, sur le début du processus de libération.

En début de matinée, des proches ont commencé à publier les noms de prisonniers libérés sur les réseaux sociaux. A la mi-journée, une dizaine de détenus avaient été libérés, selon ces proches. La plupart sont des manifestants condamnés pour leur participation aux manifestations des 11 et 12 juillet 2021, les plus importantes depuis l’avènement de la révolution castriste en 1959. L’ONG Justicia11J, dont le siège est au Mexique, a annoncé sur le réseau social X la libération d’une autre prisonnière : « La prisonnière politique Reyna Yacnara Barreto Batista a été libérée ce mercredi 15 janvier 2025 », a fait savoir l’ONG.

Mardi, le président américain, Joe Biden, a annoncé le retrait de l’île communiste de la liste noire des Etats soutenant le terrorisme. Un haut responsable américain avait annoncé que parmi les personnes libérées devaient figurer des « défenseurs des droits humains », dont des manifestants emprisonnés, et que leur libération « interviendrait dans un délai relativement court ». L’accord a été négocié avec l’aide de l’Eglise catholique.

L’attente des familles

La décision du président américain intervient avant la prestation de serment lundi de Donald Trump, dont le parti soutient une ligne dure contre les autorités communistes cubaines. Il est possible que Donald Trump décide de remettre Cuba sur la liste noire après son arrivée au pouvoir.

Quelques jours avant de céder le pouvoir à Joe Biden en janvier 2021, l’ancien et désormais futur président républicain avait en effet pris la décision exactement inverse à celle du président démocrate, celle de placer Cuba sur cette liste où figurent aussi la Corée du Nord, l’Iran et la Syrie.

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D’autres familles attendaient toujours mercredi des nouvelles de leurs proches emprisonnés. « Cette nuit a été longue. Beaucoup de nervosité, en attendant que le téléphone sonne et qu’ils nous appellent et me disent d’aller le chercher », a expliqué à l’AFP Liset Fonseca, mère de Roberto Perez, 41 ans, condamné à dix ans de prison. « Je suis toujours dans l’attente. Attendre, attendre, c’est-à-dire, en clair : nous n’avons toujours rien », se désespérait-elle mercredi matin, dans sa maison de San José de las Lajas, à 32 kilomètres au sud-est de La Havane.

Selon des chiffres officiels, quelque 500 personnes ont été condamnées à des peines allant jusqu’à vingt-cinq ans de prison pour leur participation aux manifestations de juillet 2021. Des ONG et l’ambassade des Etats-Unis à Cuba comptabilisent au total un millier de « prisonniers politiques » sur l’île. La Havane nie l’existence de tels prisonniers et accuse les opposants d’être des « mercenaires » à la solde des Etats-Unis.

Le Monde avec AFP

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