vendredi, mai 17
Le chantier de la ligne 3 du métro, devant le Palais du Midi, à Bruxelles, le 23 juin 2023.

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Aux abords de la gare de Bruxelles-Midi, l’une des principales portes d’accès au centre de la capitale belge, Bruxelles offre la vision d’une zone totalement sinistrée, entravée par des barrières et des palissades. En cause, le ­chantier de l’extension du réseau du métro prévoyant la création d’une « ligne 3 » (en plus des quatre ­existantes), pour relier le sud et le nord-est de la ville, jusqu’à l’aéroport de Zaventem. Il devait s’achever cette année : il le sera au mieux en 2031. Et surtout, il est à l’arrêt.

Les travaux nécessitaient le creusement d’un tunnel de 120 mètres sous le Palais du Midi, un imposant bâtiment historique du XIXsiècle, site classé qui regroupe des clubs sportifs et une quarantaine de commerces. Mais la nature du sol sous le bâtiment le rend difficile à aménager : il correspond à l’ancien lit de la Senne, le principal cours d’eau qui traverse la ville et qui a été voûté à la fin du XIXsiècle.

Confronté à un problème d’étanchéité, le chantier a dû être arrêté, il y a un an et demi, quand il a été constaté que le béton coulé dans des piliers avant le creusement filait dans l’ancien lit. La Commission royale des monuments et des sites avait bien averti, dès 2016, que le chantier représentait une menace pour le bâtiment, quatre ans après que des expertises appuyées par des ingénieurs de la Société des transports intercommunaux de Bruxelles (STIB), l’opérateur principal de transport public, avaient validé le lancement des travaux.

Des nuisances pour quelques années

En 2017, un autre expert, Bruno Clerbaux, avait également émis des réserves dans un rapport d’­incidence environnemental. En mars 2024, il a confié à l’émission « Investigations » de la chaîne belge RTBF, ainsi qu’au magazine Médor, dans une enquête intitulée « Un métro nommé dérive », que « n’importe qui connaissant la matière géotechnique pouvait parfaitement préjuger qu’on allait avoir d’énormes problèmes, notamment avec de l’injection de béton ».

Qu’importe. La STIB a une autre solution, qui suppose la destruction et la reconstruction du palais, avec un surcoût estimé à 433 millions d’euros. « Une formidable opportunité pour la rénovation du site », estime Brieuc de Meeûs, son patron, qui réfute toute idée d’­erreur ou d’improvisation dans ce dossier. Il estime toujours la ligne 3 « absolument nécessaire », tout en déclarant ignorer quand le dossier sera définitivement bouclé : « 2035 ou 2045… », lâchait-il, sans ironiser, devant les caméras de la RTBF, le 27 mars.

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