mercredi, mai 22
La maison appartenant à la maire d’Avallon, Jamilah Habsaoui, où la gendarmerie a saisi 70 kg de cannabis, à Avallon (Yonne), le 8 avril 2024.

Ce dimanche 14 avril, la tension est loin d’être retombée à Avallon (Yonne), depuis que la maire, Jamilah Habsaoui (divers gauche), se trouve derrière les barreaux. Une semaine plus tôt, dans une maison appartenant à « madame le maire », 75 gendarmes, avec chiens renifleurs et section de recherches, ont mis la main sur un butin spectaculaire. C’est au sous-sol du pavillon, qu’un militaire de l’opération décrit comme « une caverne d’Ali Baba de stupéfiants », qu’ils découvrent une bonne partie de la marchandise. Le reste était entreposé dans un cabanon, derrière la propriété. Au total, 70 kg de résine de cannabis et 1 kg de cocaïne.

Les perquisitions à l’hôtel de ville et à la pharmacie du quartier, où Jamilah Habsaoui exerce deux jours par semaine comme préparatrice, n’ont donné lieu à aucune prise. Mais, ailleurs à Avallon, notamment aux domiciles de deux frères de la maire et de trois autres personnes, les gendarmes ont saisi deux lingots d’or, dix-huit faux lingots, 7 000 euros en cash et quinze armes, dont deux fusils et deux carabines.

Voilà le bourg tranquille de 6 000 habitants transformé en décor de scénario policier. La douce Avallon, dernière petite ville desservie par l’autoroute A6 avant la campagne profonde du Morvan, apparaît comme un lieu de dépôt stratégique pour la distribution de la drogue dans les villages et les hameaux de Bourgogne. Les réseaux sociaux s’en donnent à cœur joie, brocardant la commune en « mystérieuse cité d’or », composant des chansons satiriques où vole en éclats la présomption d’innocence, donnant de l’écho à une Isabelle Balkany qui ose ironiser « stupéfiant(s) !!! »

Inquiétude et fébrilité

Sur place, les habitants se passionnent pour l’affaire, avec inquiétude et fébrilité. Après soixante-douze heures de garde à vue et d’auditions, leur maire a été mise en examen pour « détention et complicité d’offre ou cession de stupéfiants » et envoyée à la maison d’arrêt de Dijon. Ses deux frères, Rachid et Benaïssa Habsaoui, l’un soudeur pour la SNCF et l’autre employé d’une station-service, ont été mis en examen pour « trafic de stupéfiants » et placés en détention provisoire. Ils étaient connus de la justice – l’un d’eux avait purgé une peine de prison en 2004 pour des faits similaires. Depuis, les Avallonnais s’interpellent dans les rues, les cafés et sur les quais de gare : la maire savait-elle que sa maison servait de « planque » ?

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Son avocat, Antoine Audard, a assuré à L’Yonne Républicaine qu’elle avait été « abasourdie » et qu’elle « n’a strictement rien à voir avec les faits qui lui sont reprochés ». Celui de Rachid Habsaoui affirme que ce dernier servait de « nourrice » pour des trafiquants, sans que sa sœur ne soit « au courant », les drogues étant stockées « à son insu et sans son consentement ». Ce degré d’implication est au cœur de l’instruction judiciaire qui entre « dans le temps long », selon le procureur de la République d’Auxerre, Hugues de Phily.

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