Il a fallu gravir la colline, au plus près de la montagne qui surplombe Los Angeles. Au bout, il n’y a plus rien, hormis des parcelles rasées, avec des pancartes indiquant « propriété privée » ou « Altadena sera reconstruite ». L’artiste Morgan Whirledge a donné rendez-vous devant son ancienne maison et montre la branche qui pend encore d’un arbre isolé. Le 7 janvier, il s’inquiétait du vent et des branches qui risquaient de tomber sur les voitures. Puis tout s’est accéléré : un arbre a écrasé la maison d’une voisine, qui s’en est sortie par miracle. Puis est apparue une lueur rouge à l’horizon. C’était le feu.
« Je ne voulais pas effrayer les enfants. J’ai juste dit à ma femme : il faut qu’on fasse les valises », raconte Morgan Whirledge. Il a empaqueté ce qui était possible d’emporter et est allé se réfugier dans la ville voisine de Pasadena. Il était 19 h 30, juste avant que l’ordre d’évacuation soit donné. « Nous nous sommes dépêchés de fuir, parce que j’avais peur. Avec le vent, le feu pouvait se propager très rapidement. » Morgan Whirledge ne dort pas cette nuit-là. A 3 h 30, un proche l’informe que son studio a pris feu. Au matin, il prend la route pour se réfugier chez sa mère, quand il reçoit une vidéo envoyée par un voisin : « Tout était parti, cela brûlait encore. J’étais effondré. »

Cet Américain blanc, compositeur de musiques de film et de télévision, attiré par la nature et ce quartier réputé pour sa diversité avec une forte population noire, a tout perdu dans les incendies de Los Angeles. Il a été relogé par son assurance dans une maison alentour, qui paie le loyer de 4 500 dollars (3 800 euros) par mois ; il vit grâce aux revenus locatifs d’une maison à Joshua Tree, à 200 kilomètres dans le désert. Les flammes ont détruit plus de 9 400 maisons, commerces et autres structures dans la ville d’Altadena, faisant 19 morts, et ravagé Pacific Palisades (12 morts), le quartier huppé de Los Angeles.
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