En redressement judiciaire, la société savoyarde Niche Fused Alumina va finalement être reprise par l’industriel Alteo, qui se sépare de 51 de ses 171 collaborateurs. François Hommeril, le président du syndicat des cadres CFE-CGC, ingénieur de formation, qui travaille dans cette usine depuis vingt-six ans, fait partie des licenciés. Un leader d’un syndicat national interprofessionnel qui se retrouve au chômage, c’est inédit dans l’histoire du paritarisme. Interview.
Le Point : Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?
François Hommeril : Je veux d’abord remettre mon histoire dans le contexte… J’ai 63 ans, j’ai réalisé toute ma carrière dans l’industrie. J’ai travaillé à Gardanne pour le groupe Pechiney, avant d’être muté dans une usine à La Bâthie, en Haute-Savoie. Je me suis installé avec femme et enfants dans ce petit village de Savoie de 2 000 habitants. En tant qu’ingénieur, j’ai occupé beaucoup de postes différents. Je suis par ailleurs délégué syndical depuis vingt-six ans et président de la CFE-CGC depuis huit ans. Mon activité professionnelle n’a fait que diminuer à mesure que je m’investissais pour le syndicat. Ces dernières années, je ne passais à l’usine qu’entre quinze et vingt jours par an. Je travaille à Paris la semaine et je rentre à La Bâthie le week-end. C’est chez moi, ma base arrière, mon jardin secret, je connais tout le monde dans mon village. Il y a quelque chose de spécial qui me relie à cet endroit et à cette usine.
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