Jouant la carte de l’apaisement après des années de tensions et de guerre des prix, grande distribution et industrie agroalimentaire démarrent lundi leurs traditionnelles négociations commerciales, aidées par la signature d’une charte de bonne conduite et une « inflation modérée ».
D’ici au 1er mars, trois mois de négociations fixeront les prix et les conditions (modalités de livraison, calendrier promotionnel…) auxquelles les grandes surfaces s’approvisionnent auprès des fabricants.
Alors que ces tractations annuelles « se passent mal depuis longtemps », les parties prenantes ont « là l’occasion unique (…) de faire différemment, en tout cas d’essayer », a résumé lundi sur RMC Nicolas Facon, patron de l’Ilec, qui représente les très grandes marques comme Coca-Cola, Ferrero ou Mars.
D’un côté, des distributeurs en quête de prix compétitifs pour attirer les clients, de l’autre, des industriels invoquant coûts de production et besoins d’investissements.
Ces négociations sont régulièrement accusées d’opacité, et de tirer vers le bas les revenus des agriculteurs malgré leur encadrement par la loi Egalim.
Elles déterminent in fine les tarifs en rayon des produits de grandes marques (Nutella de Ferrero, Actimel de Danone, bonbons Haribo…) – mais pas ceux des marques des supermarchés (Carrefour, Marque Repère, U…), qui pèsent plus du tiers des ventes.
Cette année, les discussions ont commencé avant l’heure, début novembre, pour élaborer une charte inédite engageant tous les acteurs, la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) et cinq organisations d’industriels (Ania, Ilec, Feef, Pact’Alim, et la Coopération agricole).
– « Mieux qu’au Parlement » –
Au terme d’un dialogue « constructif », aux dires de plusieurs participants, la fumée blanche est sortie dimanche, avec la signature d’un document construit autour de trois thèmes: le respect mutuel lors des échanges, une attention particulière portée aux PME et la valorisation des produits frais et de l’origine des produits.
« C’est vraiment un symbole et un changement d’état d’esprit », a commenté M. Facon, quand Thierry Cotillard, patron du Groupement Mousquetaires/Intermarché, y voit « un signal positif après des années d’hyperinflation ».
« Ca va être mieux qu’au Parlement », a ironisé Michel-Edouard Leclerc, président du comité stratégique d’E.Leclerc.
Cette charte « constitue une avancée vers des négociations commerciales plus apaisées et de bonne foi », abonde Karima Kaci, directrice générale de Pact’Alim, qui représente 3.000 PME et entreprises de taille intermédiaire (ETI) de l’industrie alimentaire.






