Il est 21 heures, jeudi 30 octobre, quand la loi portant sur la signature d’un traité avec les peuples autochtones de l’Etat du Victoria, en Australie, est adoptée à l’issue d’un interminable débat. A la tribune publique du Parlement de Melbourne, des représentants aborigènes, en larmes ou le poing levé, se lèvent comme un seul homme sous les applaudissements de la majorité des élus, debout.
« C’est un moment historique pour notre peuple », se félicitera, quelques minutes plus tard, Ngarra Murray, coprésidente de l’Assemblée des peuples premiers du Victoria. « Nous raconterons cette journée à nos enfants, et ils la raconteront à leurs enfants, transmettant ainsi aux générations futures l’histoire de décennies de résilience et de militantisme aborigènes qui ont abouti au premier traité australien. »
Pour comprendre l’importance de ce vote, il faut remonter quelques années en arrière. Le 14 octobre 2023, le gouvernement fédéral avait appelé les électeurs à se prononcer par référendum sur la reconnaissance constitutionnelle des peuples aborigènes et des insulaires du détroit de Torres. Les représentants des plus anciennes civilisations connues sur Terre (plus de 65 000 ans) réclamaient la création d’une « voix » au Parlement : un organe consultatif et représentatif qui leur permettrait de donner leur avis aux pouvoirs exécutif et législatif sur les sujets les concernant.
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