L’enseignement catholique demande ce vendredi 29 novembre que le programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, pas encore officiellement annoncé par le ministère, mais qui fait l’objet de vives critiques des milieux conservateurs, soit « profondément remanié » dans un communiqué co-signé par l’Association des Parents d’élèves de l’Enseignement Libre (Apel).
« En l’état, nous demandons que le projet actuel soit profondément remanié afin d’arriver à un texte consensuel, de bon sens et apaisant pour la société et veillant à une meilleure prise en compte de la singularité des enfants ; la reconnaissance de la responsabilité première des parents sur ces sujets », indiquent l’enseignement catholique, qui scolarise près de 20% des élèves du premier et second degrés, et l’Apel.
Dans le même temps, le communiqué assure que l’enseignement catholique et l’Apel « partagent les ambitions de la démarche notamment sur le respect du corps, de l’intimité, de l’indispensable éducation au consentement et de la promotion de l’égalité entre filles et garçons ».
Un programme « pas en adéquation » avec les enfants
Parmi les griefs énoncés, l’enseignement catholique reproche au programme « certaines approches » qu’il estime « ne pas être en adéquation avec les questionnements légitimes des enfants » et sont en réalité des « approches d’adultes », sans préciser exactement de quelle approche il est question.
L’enseignement catholique met également en garde contre « toute influence idéologique » sur ce « sujet qui touche à l’intime ».
Il assure également que « le ‘respect de la personnalité de l’enfant’ n’est pas assez assuré car la rigidité d’un programme annualisé ne permet pas de s’adapter à la maturation et la singularité de chaque élève », dans ce programme.
Plus largement, l’enseignement catholique affirme que le programme du ministère de l’Éducation « prend le parti de se substituer à la responsabilité éducative des parents ». « Nous ne pouvons l’accepter », dit-il.
Trois sessions prévues, selon la ministre
La ministre de l’Éducation a détaillé à Ouest France ce vendredi les contours du programme.
« On va enfin avoir un véritable programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité (Evars). Il s’agira de trois sessions dispensées », a-t-elle assuré.
En école maternelle, les enfants « entendront parler des émotions, du respect d’autrui et du vivre ensemble », a indiqué la ministre. « Pour l’école primaire, il y aura une éducation à la vie affective et relationnelle. La sexualité ne sera abordée qu’au collège, à partir de la 4e, et jusqu’à la fin du lycée, ainsi qu’en CAP », a expliqué Anne Genetet.
« Aujourd’hui, si un enfant ou un adolescent pose une question et qu’il n’a pas la réponse, il va la chercher tout seul. Où? Sur les plateformes numériques et les sites pornographiques », a-t-elle déploré, insistant également sur la nécessité de « mieux détecter les violences faites aux enfants ».
Désaccords jusqu’au sein du gouvernement
Le programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle en préparation, le premier du genre, fait l’objet de concertations depuis mars. Il doit être présenté à la mi-décembre au Conseil supérieur de l’éducation (CSE), instance consultative, en vue d’une publication pour la prochaine rentrée.
Il doit répondre à la loi qui, depuis 2001, rend obligatoire l’éducation sexuelle dans les écoles, collèges et lycées, à raison d’au moins trois séances annuelles, mais est, dans les faits, peu respectée jusqu’à présent.
Il fait l’objet de nombreux débats alors que le ministre délégué à la Réussite scolaire Alexandre Portier a estimé cette semaine que le programme n’était « pas acceptable » en l’état.
La ministre de l’Éducation Anne Genetet avait répondu en défendant le programme, assurant qu’il est « progressif », « adapté à tous les âges » et qu’il « permet d’apprendre des notions fondamentales comme le respect, comme le consentement, savoir dire non, ce que c’est qu’une fille, ce que c’est qu’un garçon ».
Article original publié sur BFMTV.com