Le Sénégal commémore ce dimanche le massacre de Thiaroye dans lequel plusieurs centaines de tirailleurs ont été abattus par les forces coloniales françaises en 1944.
Dans un courrier adressé au président Bassirou Dimoaye Faye, Emmanuel Macron reconnaît que la France a commis « un massacre ».
« Compte tenu de nos relations d’amitié et de fraternité (…) nous nous devons vérité et justice », écrit-il notamment.
C’est une déclaration forte de la part d’Emmanuel Macron, à quelques heures des commémorations des évènements qui se sont déroulés au camp de Thiaroye au Sénégal, le 1ᵉʳ décembre 1944. Le président Bassirou Dimoaye Faye révèle à l’AFP que son homologue français lui a adressé un courrier dans lequel il reconnaît « de façon très claire, sans ambiguïté sur les termes » que les forces coloniales ont commis « un massacre » en abattant plusieurs centaines de tirailleurs sénégalais dans un camp militaire situé sur cette commune près de Dakar.
« Depuis 2017, je me suis assigné devoir d’œuvrer pour une juste mémoire, en vérité au regard des rigueurs de l’Histoire. Compte tenu de nos relations d’amitié et de fraternité, de notre histoire commune, et de notre volonté de bâtir un avenir harmonieux, nous nous devons vérité et justice« , écrit Emmanuel Macron dans cette lettre que TF1 s’est procurée.
« Un enchaînement de faits ayant abouti à un massacre »
« Ainsi devons-nous regarder les événements survenus à Thiaroye le 1ᵉʳ décembre 1944. De ce point de vue, la France se doit de reconnaitre que ce jour-là, la confrontation de militaires et de tirailleurs qui exigeaient que soit versée l’entièreté de leur solde légitime, a déclenché un enchaînement de faits ayant abouti à un massacre« , insiste le chef de l’État.
Début novembre 1944, plus de 1600 tirailleurs, venus de plusieurs colonies françaises d’Afrique de l’Ouest en 1940 pour participer aux combats, avaient embarqué de France pour être ramenés en bateau à Dakar. À leur arrivée, ils allaient réclamer le paiement de leurs arriérés de soldes, et diverses primes et indemnités de combat. Certains refuseront de rentrer chez eux sans être payés.
Des travaux d’enquête en commun
Rassemblés au camp militaire de Thiaroye le 1ᵉʳ décembre 1944, ils seront désarmés par des soldats de l’armée coloniale française puis tués, à la mitraillette notamment. Les autorités françaises de l’époque admettront la mort d’au moins 35 personnes. Avant que les travaux des historiens révèlent plusieurs centaines de victimes.
« Il importe aussi d’établir, autant que possible, les causes et faits ayant mené à cette tragédie« , indique Emmanuel Macron. « J’ai demandé à mes services de m’informer de l’évolution des travaux du Comité pour le rétablissement des faits, que votre gouvernement a décidé de mettre en place, sous la direction du Professeur Mamadou Diouf, dont l’éminence et les qualités sont reconnues de tous. »
Lors des cérémonies qui se dérouleront ce dimanche, Emmanuel Macron sera représenté par le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. « Cette quête de vérité historique nous impose de poursuivre la coopération déjà initiée (…) afin d’écrire ensemble la réalité de l’Histoire et bâtir une mémoire partagée et apaisée« , souligne le chef de l’État.