lundi, décembre 15

  • La RN19, qui relie Paris à la Suisse, se rétrécit brutalement entre Lure et Vesoul.
  • Cet entonnoir de 20 km est synonyme d’enfer pour les habitants des trois villages traversés.
  • Une équipe de TF1 a recueilli les témoignages de riverains de ce tronçon surnommé « route de la mort ».

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Le 20H

Ils ont voulu marquer les esprits et symboliser l’hécatombe. Depuis plus d’un an, des croix blanches en bois ont été installées le long de la RN19, entre Genevreuille et Pomoy (Haute-Saône) par des riverains. II faut dire que certains ont payé un très lourd tribut à cette route meurtrière. C’est le cas de Ghislain qui a perdu son père. « Il a été percuté par un camion et est décédé suite à son accident », explique-t-il dans le reportage en tête de cet article. « Je me bats aujourd’hui pour ne pas revivre ça ».

À Amblans-et-Velotte, un panneau sur lequel on peut lire « Urgence 19 » suivi d’une tête de mort a été installé en 1998 et depuis, rien n’a changé : chaque année il y a des accidents mortels sur ce tronçon. « Sur une vingtaine de kilomètres, 70 morts en moins de 30 ans ca n’est pas acceptable », déplore un autre riverain, soulignant qu‘ »on parle des décès recensés, ce ne sont pas les gens qui sont décédés à l’hôpital » et « on ne parle même pas des gens qui ont des maisons et des voitures abimées ».

« On est les oubliés de la ruralité »

La RN19, qui relie Paris à la Suisse, est une quatre-voies qui soudain se rétrécit entre Lure et Vesoul, un entonnoir synonyme d’enfer pour les habitants de trois villages traversés, qui demandent en vain un contournement. C’est le cas de Dolores, qui voit les camions passer si près de chez elle qu’ils occultent la lumière à chaque passage. Un jour, un semi-remorque a perdu son chargement et détruit sa salle de bain. « C’était une bobine métallique de cuivre de 6 tonnes (…) une partie était dans la baignoire donc toute la salle de bain était explosée », décrit-elle. Mais ce sont les accidents mortels à répétition qui la bouleversent. « Il y a des personnes qui sont décédées, il y a des personnes qui sont grièvement blessées, on se demande si l’État reste indifférent à ce genre de choses, on se dit ‘on est les oubliés de la ruralité’, mais une vie c’est une vie, et nos vies ne valent pas moins cher que sur Paris », lance-t-elle.

Traverser ces trois villages à pied relèverait presque de l’inconscience, mais Gérard Yvon, adjoint au maire emmène notre journaliste près d’une autre maison, elle aussi détruite par la sortie de route d’un camion. « Il y a encore eu deux morts il n’y a pas si longtemps sur la route de la mort, et ca ne gêne personne, on prend les gens de la Haute-Saône pour des moins que rien », s’agace-t-il. La RN19 n’a pas été transférée au département, c’est donc à l’État de financer ces travaux pour que l’on puisse enfin débaptiser cette « route de la mort ».

La rédaction de TF1info | Reportage : Jacques RIEG-BOIVIN et Eric SCHINGS

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